Bill Clinton, Superstar

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Bill Clinton superstar

Dans une campagne plutôt terne, Bill Clinton offre une belle lumière. Lors de la convention démocrate en Caroline du Nord, son discours, de toute beauté, illumina les débats et rendit à l’inverse le discours de Barack Obama plutôt fade.

Du haut de sa stature de président des Etats-Unis, Clinton promet encore le rêve à des millions d’Américains. Pour qui se souvient de sa catastrophique fin de deuxième mandat, empêtré dans un scandale sexuel interminable, son surnom de comeback kid lui va comme un gant.

Alors qu’en 2008, Clinton avait eu avec Obama des rapports tendus, l’heure est à l’union sacrée. Pendant la précédente campagne, Obama faisait beaucoup d’ombre à Hillary, sa femme, et à lui-même, qui se flattait d’être le premier président… noir aux Etats-Unis (comme l’avait affirmé la romancière Toni Morrison). Obama d’ailleurs ne lui contestait pas ce titre et reconnaissait que Clinton avait toujours eu un contact extraordinaire avec les Afro-Américains, comme le montre cet échange de 2008:

Au-delà du rapprochement entre les deux hommes, et par ricochet de la bonne entente retrouvée entre Hillary Clinton et Obama après l’éprouvante campagne de 2008, cette incroyable popularité nous dit autre chose sur les Etats-Unis: la nostalgie pour les années 1990. La décennie apparaît comme un âge d’or, prospère, insouciant et dynamique, bien avant le 11 septembre 2001, bien avant les faillites bancaires et industrielles, bien avant la crise économique. A cette date, le pays trouvait le temps de s’intéresser pendant de longs mois aux pantalonnades de son président.

Si, bien évidemment la bonne humeur et la verve de Clinton sont des atouts considérables pour Obama à deux mois du scrutin, les démocrates ne doivent pas oublier la responsabilité du comeback kid dans la crise actuelle. En suivant les conseils d’Alan Greenspan, il convertit les démocrates à la dérégulation économique et financière. Sous la pression des conservateurs, il finit même par signer en 1996 une importante réforme de l’assistance sociale qui limita la couverture sociale pour des millions d’Américains, dont beaucoup d’Afro-Américains. Comme bien souvent, la nostalgie est mauvaise conseillère.

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