Les amateurs de football massés à l’intérieur du Superdome, à La Nouvelle-Orléans, ont dû avoir des sueurs froides pendant quelques secondes, dimanche soir, quand les lumières se sont soudainement éteintes. Le Super Bowl est un des spectacles les plus regardés aux États-Unis et dans plusieurs autres pays : pour cette raison, il a déjà fait l’objet de menaces terroristes. C’est sans oublier que les infrastructures de la Big Easy n’inspirent pas tellement confiance depuis que les digues du lac Pontchartrain ont cédé sous les assauts éoliens de l’ouragan Katrina.
Ce qui est officiel, c’est que la panne ne doit pas être mise sur le compte de la performance « électrisante » de Beyoncé, qui ne s’est pas contentée de faire du lip-sync, comme ça lui était arrivé sur le parvis du Capitole, le 21 janvier, après la prestation de serment de Barack Obama.
Le politique
Puisque tout est politique, du moins jusqu’à un certain point, les services de presse du président ont fait savoir que celui-ci avait d’abord craint pour la sécurité des spectateurs, avant de prendre son mal en patience comme tout le monde et d’apprécier la deuxième demie du match. Son épouse Michelle a pour sa part commenté la performance de Mme Knowles (ou Mme Carter, ou Mme Z) sur son compte Twitter, la trouvant « phénoménale ! ».
En 2012, les Giants de la conférence nationale de la NFL avaient remporté le Super Bowl : la « logique » des superstitions superbowliennes ayant été respectée, le candidat démocrate a été réélu à la Maison-Blanche. Il n’y aura pas d’élections importantes aux États-Unis cette année, mais, au regard de la « superbowlogie », la victoire des Ravens, qui appartiennent à la conférence américaine, mais faisaient partie de la NFL avant sa fusion avec l’AFL en 1970, laisse présager un rebond des indices boursiers, un marché boeuf !
Barack Obama prononcera son discours sur l’état de l’Union mardi prochain. Parions qu’il ne croit pas trop à la superbowlogie. Il n’en devrait pas moins parler d’économie et peut-être aussi du rajeunissement des infrastructures – pas nécessairement celles de La Nouvelle-Orléans – comme moyen de relancer l’emploi aux États-Unis. D’immigration et de fusils également, c’est certain.
De petits gains…
Le président s’est adressé à ses concitoyens plusieurs fois depuis sa réélection en novembre, si bien qu’on le croirait encore en campagne électorale. Le discours sur l’état de l’Union se veut en quelque sorte le « botté d’envoi » de l’année politique, mais, comme l’a écrit un journaliste du Daily Beast, la partie se gagne tout au long de l’année avec une série de petits gains au sol.
Pour en finir avec la métaphore filée, disons que les républicains ont peu de chances d’effectuer un retour de botté de 108 verges, à l’instar de Jacoby Jones. Il est vrai qu’une des chambres du Congrès est carrément hostile au président tandis que l’autre ne lui est acquise que par une faible majorité. Mais les Américains en ont assez de l’obstruction systématique, et les extrémistes du genre Tea Party n’ont plus le vent dans les voiles.
Les républicains reprochent aujourd’hui à Barack Obama de faire des discours non suivis d’actions et ils l’invitent à surmonter les clivages partisans, alors qu’eux-mêmes s’étaient refusés à tout compromis pendant son premier mandat.
Dans son discours inaugural, le 21 janvier, le président démocrate a laissé entendre qu’il défendra certaines des valeurs « libérales » (de gauche ou de centre gauche) chères à plusieurs de ses partisans, qui rongent leur frein depuis quatre ans. À Washington, où un minimum de négociations est requis pour arriver à ses fins, ces signaux reviennent à dire qu’il ne pratiquera pas le compromis à tout prix.
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