Les Etats-Unis ont clairement accusé le régime de Bachar Al Assad d’avoir eu recours aux armes chimiques contre les rebelles syriens.
Moscou, qui jusqu’ici a toujours intercédé en faveur de son protégé Al Assad, a jugé «pas convainquantes» les accusations américaines. Les Etats-Unis ont clairement accusé, jeudi, le régime syrien d’avoir eu recours aux armes chimiques, dont du gaz sarin «à échelle réduite» contre les rebelles, en faisant état de «100 à 150 morts». Le président américain, Barack Obama, «a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas», a prévenu son conseiller adjoint de sécurité nationale, Ben Rhodes.
Ben Rhodes a expliqué que compte tenu du constat, M. Obama a décidé d’augmenter l’étendue de l’aide non létale à l’opposition civile et autorisé l’augmentation de l’aide à la direction des opérations militaires rebelles. S’agissant maintenant de la mise en place d’une éventuelle zone d’exclusion aérienne, comme réclamée par l’opposition pour contrer la force de frappe du régime, M. Rhodes a souligné qu’aucune décision n’avait encore été prise.
Selon Wall Street Journal, les responsables militaires américains ont proposé une zone d’exclusion aérienne qui couvrirait les camps d’entraînement des rebelles, qui s’avancerait d’environ 40 km à l’intérieur de la Syrie et serait surveillée par des avions volant en Jordanie voisine et armés de missiles air-air. Mais la France a estimé «peu probable» que le Conseil de sécurité de l’ONU donne son aval à une telle zone, en raison du soutien de la Russie et de la Chine à M. Al Assad.
Les appréhensions de l’ONU
De son côté, le régime du président syrien Bachar Al Assad a démenti, hier, les accusations des Etats-Unis et dénoncé l’intention américaine d’aider militairement les rebelles. «La Maison-Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées» pour faire porter la responsabilité au gouvernement, a déclaré un responsable des Affaires étrangères syriennes cité par l’agence officielle Sana. D’après la même source, ces accusations interviennent «après des rapports affirmant que les groupes terroristes armés actifs en Syrie (rebelles, ndlr) sont en possession d’armes chimiques mortelles et de la technologie nécessaire pour leur fabrication».
«La décision américaine d’armer les groupes terroristes armés démontre (…) l’implication directe des Etats-Unis dans le bain de sang syrien», a encore insisté le responsable syrien cité par Sana. «Cela pose des questions sérieuses concernant leur bonne foi à contribuer à trouver une solution politique», a-t-il conclu. Le démenti syrien a suivi de peu la déclaration de Moscou qui a jugé «pas convaincantes» les accusations américaines et critiqué la décision américaine d’augmenter son aide aux insurgés.
La Russie a, en effet, appelé les Américains à ne pas répéter ce qui avait mené à l’invasion de l’Irak en 2003. Du côté européen, la sortie de Washington ne fait également pas l’unanimité. Si, sans surprise, Londres s’est dit partager «l’analyse américaine», le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a, en revanche, estimé que la promesse américaine de fournir une aide militaire aux rebelles risquait de provoquer une «course à l’armement» et de saper «les conditions nécessaires à un processus politique».
La position suédoise est largement partagée par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a estimé, hier, que l’augmentation des livraisons d’armes en Syrie n’aiderait pas à résoudre la situation. Il a néanmoins insisté sur la nécessité d’une enquête sur le terrain pour prouver l’utilisation d’armes chimiques. Quoi qu’il en soit, ces développements font de nouveau éclater au grand jour les divisions internationales sur le conflit en Syrie, pour lequel aucune solution n’est en vue malgré les violences et atrocités qui ont fait, selon l’ONU, plus de 93 000 morts depuis mars 2011.
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