Haiti or MINUSTAH: Which Threatens the US?

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Une semaine avant la visite officielle du président Michel Joseph Martelly à Washington, le Sénat américain a placé Haïti sur la liste des pays qui sont en conflit où en proie à la guerre civile depuis plusieurs années. Ce document, préparé par le comité de renseignement du Sénat américain, évoque la fragilité d’Haïti en raison de son extrême pauvreté, de la violence provoquée à l’occasion des élections et de l’opposition parlementaire face au président Martelly. Ces considérations, pour le moins fantaisistes ne faisant allusion ni aux éventuels troubles ni au grand banditisme qui pourraient nuire au fonctionnement du pays, sont en contradiction avec le dernier rapport du Département américain de la Défense qui avait soustrait Haïti le 3 janvier de la zone rouge.

Quelle pourrait donc être la motivation du Sénat américain ? Depuis le coup d’Etat du 30 septembre 1991, Haïti se trouve dans la catégorie des Etats fragiles. L’intervention américaine le 19 septembre 1994, le démantèlement des Forces armées d’Haïti et l’accord signé entre les Etats-Unis et Haïti sous la présidence de René Préval en 1997, permettant aux Américains de contrôler les eaux territoriales de notre pays, font du pays de Dessalines un Etat en faillite. Depuis le 29 février 2004, les Etats-Unis et ensuite la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) ont le contrôle du pays sur les plans terrestre, maritime aussi bien qu’au niveau de l’espace aérien. Comment un pays sans armée, sans défense, peut-il être une menace pour la sécurité intérieure d’une hyperpuissance qui contrôle ses eaux territoriales ?

Le Sénat américain devient-il, dans l’espace de quelques semaines, le Département américain de la Défense ou le Département d’Etat ? Reçoit-il en primeur et régulièrement tous les rapports provenant des missions diplomatiques américaines à l’étranger sur le plan sécuritaire ?

Ce rapport du Sénat américain pourrait être un marchandage pour affaiblir le président Michel Martelly en face de Barack Obama. Les Américains avaient-ils besoin de cette tractation pour obtenir ce qu’ils veulent de la part du président haïtien comme ce fut le cas pour Aristide après le coup d’Etat de 1991 et pour René Préval pendant ces deux mandats ? Les relations privilégiées entretenues par le gouvernement haïtien avec Cuba et le Venezuela seront-elles du lot ? De René Préval à Michel Martelly, les rapports entre Haïti, Cuba et le Venezuela sont restés inchangés. L’aide du pays d’Hugo Chavez à Haïti, sous forme de don et de prêt, a mis à nu la traditionnelle aide américaine souvent retournée aux Etats-Unis par l’entremise d’experts étrangers mis en place par les pays occidentaux donateurs.

Il est assez difficile de déterminer la face cachée de la visite de Martelly à la Maison-Blanche. Cependant, la position du Sénat américain est de nature à faire croire qu’il s’agit d’une demande de grande importance que le président Barack Obama va faire à Martelly. Il n’est pas de coutume aux Etats-Unis que les grands Corps de l’Etat se contredisent à ce niveau. Alors que, dans l’espace du 3 à 29 janvier 2014, le climat en Haïti est devenu plus calme, plus sécurisant.

Quelles nouvelles données imaginaires aurait fourni l’ambassade américaine en Haïti au Sénat américain sans passer par le Département d’Etat ni le Département américain de la Défense et qui constitueraient une menace pour la sécurité intérieure des Etas-Unis ?

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