Il y a certes eu cette tournée d’une semaine l’été dernier dans trois pays africains. Mais ce n’était là que le premier voyage de Barack Obama sur le continent africain depuis son accession à la présidence plus de quatre ans plus tôt. (Il y aura ensuite cette parenthèse de quelques heures en Afrique du Sud pour assister à l’enterrement de Nelson Mandela).
L’Afrique, malgré les démentis de la Maison-Blanche, n’a jamais semblé être une priorité de l’administration Obama. Moins que les déplacements du président lui-même, le principal révélateur de ce désintérêt est le peu d’arrêts que ses secrétaires d’états auront effectué sur le continent noir.
John Kerry s’étant investi dans la relance des négociations israélo-palestiniennes, le président ayant défini l’Asie comme le principal axe d’intérêt stratégique, sans oublier les différentes crises qui se sont imposées sur la table présidentielle (Ukraine, Syrie, Iran, Afghanistan, etc.), il restait peu de temps à consacrer à l’Afrique.
Plusieurs des dossiers ci-haut mentionnés ayant atteint leur rythme de croisière ou s’étant retrouvé dans l’impasse, la haute diplomatie américaine s’intéresse de nouveau à l’Afrique avec ce déplacement hautement symbolique de John Kerry. Une visite surprise au Soudan du Sud où sévit une guerre ethnique à haut potentiel génocidaire, un grand discours à Addis-Abeba en Éthiopie devant le corps diplomatique et le réseau des Jeunes leaders africains, un tour au Congo ce géant minier devenu terre de prédation des pays voisins et divers mouvements rebelles internes, puis un dernier arrêt en Angola un pays jadis connu pour son interminable guerre et aujourd’hui devenu un acteur incontournable dans la stabilisation de l’Afrique centrale, le programme du secrétaire d’état américain aura le mérite de l’avoir plongé au cœur des vrais défis du continent africain.
Avec cet enthousiasme (parfois naïf) qui caractérise la diplomatie américaine sous Obama, John Kerry souhaite voir des résultats concrets et très vite. Démocratie, sécurité, droits de l’homme, développement économique, tout doit bouger vite et bien. Le désenchantement sera tout aussi rapide.
Au Soudan du Sud, il a affirmé avoir l’assurance que le président Salva Kiir et son ex vice-président et actuel chef de la rébellion qui le combat Riek Machar allaient entamer des pourparlers directs. 24 heures après, les proches du chef rebelle le disent réticent à cette perspective du dialogue face-à-face avec son ennemi.
Au Congo, Kerry et son équipe ont exprimé leur assurance de voir le jeune président Joseph Kabila (42 ans) respecter la constitution et quitter le pouvoir en 2016 en revendiquant le legs d’avoir mis en déroute l’une des grandes rébellion qui sévissait à l’est du pays. Là encore, la déception risque d’être grande tant la tentation de s’accrocher au pouvoir est devenue une maladie africaine généralisée.
Pour autant, faut-il bouder le regain d’intérêt américain vis-à-vis de l’Afrique? Sans doute que non! Car, non seulement confirme-t-il un potentiel de croissance économique dont ne cessent de nous parler les experts, mais aussi, il constitue le seul compétiteur relativement crédible à la main mise chinoise sur l’ensemble du continent. Un surinvestissement chinois concentré uniquement sur les enjeux d’économie et d’infrastructures, tout en délaissant toutes les questions de gouvernance et de démocratie.
Or, plus que jamais, c’est de bonne gouvernance et de démocratie que l’Afrique a besoin de se faire parler pour la sortir de tous les maux qui l’affligent.
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