Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Non, ils crient : depuis la tragédie de Newton au Connecticut, en décembre 2012, il y a eu au moins 74 fusillades dans des écoles et autres maisons d’enseignement aux États-Unis. Pas dans des stationnements de centres commerciaux, pas dans des bars mal fréquentés. Dans des écoles ! La plupart ont fait des victimes, bien entendu.
Depuis le début de l’année, nos voisins du Sud en ont subi près de 40, ce qui signifie que la tendance se maintient et même qu’elle s’accélère. Plusieurs attaques à l’arme à feu ont encore fait les manchettes ces derniers jours, notamment dans des écoles ou des universités. La dernière en date a eu lieu dans une école secondaire à Troutdale, dans l’Oregon.
Ça, c’est la chronologie récente. En remontant un peu plus loin dans le temps, on constate qu’au moins 200 jeunes hommes (parfois des adolescents) ont tiré dans les corridors et les cours d’école aux États-Unis entre 1979 et 2011.
« Faut-il attendre qu’il y ait un tireur dans chaque école du pays pour que nos élus agissent ? » s’est demandé Sarah McDonald, présidente pour l’Oregon de Moms Demand Action for Gun Sense (Les mamans exigent le bon sens en matière de fusils).
Les armes à feu tuent une trentaine de personnes par jour aux États-Unis.
Le 14 décembre 2012 à Newtown, une petite ville du Connecticut, un jeune homme au cerveau dérangé ouvre le feu dans une école primaire, tuant 26 personnes, dont 20 enfants. L’opinion publique s’alarme. Le président Obama promet d’agir, mais se rend vite compte des limites de son pouvoir en matière d’armes à feu.
Aux États-Unis, ces dernières sont régies par une courtepointe de lois fédérales, locales (d’État) et municipales, qu’un puissant lobby a réussi à rendre toujours plus laxistes, même si une bonne partie de la population les souhaiterait plus sévères.
Les élus sont terrorisés à l’idée d’être placés sur la liste noire de la National Rifle Association, le principal lobby des armes à feu. C’est pourquoi on n’arrive ni à interdire la vente des armes de type militaire ni à rendre obligatoire l’examen des antécédents criminels et psychologiques pour tous les acheteurs d’armes à feu. La NRA propage l’idée que la meilleure façon d’assurer sa sécurité, c’est de s’acheter un fusil. Aujourd’hui, on estime qu’entre 270 millions et 310 millions d’armes à feu sont entre les mains de personnes qui ne sont ni soldats ni policiers. La NRA a créé un véritable monstre : des citoyens armés jusqu’aux dents, dont plusieurs sont convaincus que les politiciens « libéraux » et les fonctionnaires veulent leur perte.
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Les tueurs sont souvent de grands solitaires, mais lors de la dernière tuerie à survenir, à Las Vegas, les fous ont agi en couple. Jerad et Amanda Miller ont tué deux policiers qui prenaient leur repas dans une pizzeria avant d’abattre une autre personne dans un magasin Walmart et de s’enlever la vie. Ils ont laissé sur le corps d’une de leurs victimes un swastika et un drapeau datant de la guerre d’indépendance américaine. Selon des témoins, la femme aurait dit : « C’est la révolution qui commence ! »
Derrière l’épidémie de violence aux États-Unis se trouve un cocktail létal fait de psychose, d’accès facile aux armes à feu et d’idéologies haineuses (racistes, misogynes, homophobes), que le tueur s’est bricolée lui-même en puisant dans ses expériences malheureuses et dans tout ce qu’il trouve dans les médias, sociaux et autres, dans les jeux vidéo, etc.
Certains États ont été frappés plus souvent qu’à leur tour. Ainsi en est-il de la Californie, de la Caroline du Nord, du Tennessee, de la Floride et surtout de la Géorgie, ce dernier État ayant vu dix fusillades depuis celle du Connecticut. Cet État du Sud a récemment adopté une loi permettant aux citoyens de porter leurs armes dans des endroits pour le moins surprenants, comme les aéroports…
Depuis quelques mois, des défenseurs très zélés du « deuxième amendement » à la Constitution (celui qui parle du droit de porter des armes) se sont mis à trimbaler les leurs partout, surtout dans des restaurants fréquentés par des familles et de jeunes enfants. Ce mouvement est né au Texas, où ses adhérents ont une prédilection pour les restaurants tex-mex de la chaîne Chipotle. La NRA s’est d’abord dissociée de ces extrémistes, les trouvant « carrément bizarres ». Quand un grand nombre de ces fanatiques ont déchiré leur carte de membre et annoncé qu’ils ne renouvelleraient pas leur cotisation annuelle, le lobby a été touché là où ça fait mal, dans sa raison d’être qui est de faire de l’argent, et il a changé son fusil d’épaule…
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