Cher Barack Obama, merci d’arrêter de comparer les terroristes au cancer
Thomas Snegaroff
Prof, auteur
Publié le 25/09/2014 à 11h29
Cher Barack Obama,
Désolé de vous déranger en pleine guerre.
J’ai écouté attentivement votre discours devant les Nations unies ce mercredi. Et une fois encore, vous avez sorti votre métaphore du cancer pour qualifier l’Etat islamique autoproclamé :
« Nous allons agir tous ensemble pour rejeter le cancer de la violence extrémiste. »
Ce n’est, en effet, pas la première fois :
* le 20 août : « Il doit y avoir un effort commun pour vaincre ce cancer afin qu’il ne se diffuse pas. »
* le 10 septembre : « Il faudra du temps pour éradiquer un cancer comme l’Etat islamique. »
Une métaphore pas très originale
Qu’un grand orateur, à la tête d’une armée de « speech writers », se répète est déjà en soi critiquable. Est-ce le signe de votre incapacité à qualifier autrement cette menace ?
Et puis, avouez que la métaphore du cancer n’est pas d’une grande originalité. C’est un classique dans la bouche des politiques américains. Pour ne pas prendre trop de votre temps, je vous donne juste deux exemples :
* en mars 1973, le conseiller de Richard Nixon, John Dean avait dit à son patron : « Le Watergate est un cancer sur la présidence » ;
* 25 ans plus tard, au moment de l’affaire Lewinsky, le très conservateur républicain Andrew Sullivan déverse sa haine :
« Clinton est le cancer de la culture, le cancer du cynisme, du narcissisme et du mensonge. A un moment, même le meilleur bilan économique et social ne vaut un tel cancer qui métastase. Il doit partir. »
Monsieur Obama, vous valez mieux qu’eux, non ?
Epargnez-nous cette souffrance
Mais il y a plus.
Il y a des millions de malades qui souffrent ou ont souffert d’un cancer, dont l’auteur de ces quelques lignes. Chaque année, plus de 14 millions de personnes en sont atteintes. Chaque année, plus de 8 millions de personnes en meurent. Et c’est de pire en pire.
Alors, de grâce, Monsieur le Président, épargnez-nous la souffrance supplémentaire d’abriter dans nos corps meurtris le mal absolu, l’immonde barbarie pour qui la vie humaine n’a aucune valeur.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (et des hommes).
Cordialement,
T.S.
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