Obama Laughs, Putin Cries and Xi Shows Off

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Obama qui rit, Poutine qui pleure, Xi qui parade

Le sommet de l’APEC est riche en enseignements. La Russie se marginalise, la Chine cherche un nouvel équilibre et les Etats-Unis restent les maîtres du jeu

Les médias chinois ont abondamment utilisé le sommet de l’APEC qui s’est tenu en début de semaine à Pékin pour mettre en scène le rôle central, sinon dominant, de la Chine dans le monde. Un peu comme au bon vieux temps de l’empire, Xi Jinping est apparu en monarque magnanime, mais un brin ennuyé, daignant recevoir les Etats suzerains venus faire allégeance à sa grandeur. A la différence près que l’empereur, lui, n’apparaissait jamais en public. Dans ce registre, la poignée de main entre le président chinois et le premier ministre nippon – peut-être la plus glaciale de l’histoire de la diplomatie – a été un modèle du genre. Shinzo Abe a arraché ce geste à son hôte, mais au prix d’une humiliation qui pourrait laisser des traces.

Xi Jinping s’est en fait retrouvé au centre du jeu car deux puissances opèrent en ce moment un mouvement stratégique vers le Pacifique: les Etats-Unis et la Russie, les premiers par volonté, la seconde par défaut. Et sur ce plan, les enseignements de la semaine écoulée sont éloquents.

Vladimir Poutine venait à Pékin presque en grand frère. Son ancienneté au pouvoir, son autoritarisme et son anti-occidentalisme le rendent éminemment sympathique aux yeux d’une grande partie des élites conservatrices chinoises. Pour la photo, il a pu donner le change à Xi Jinping à grand renfort de tapes dans le dos en signant un nouveau contrat gazier. En réalité, cela a plutôt été une douche froide, la partie chinoise faisant monter les enchères sur le prix du gaz et notifiant au Kremlin qu’elle n’était pas prête à financer la construction des gazoducs nécessaires à son transport en territoire russe. Pour Moscou, qui cherche des alternatives au marché européen, c’est un coup dur.

La politique du pivot vers l’Asie de la Russie – pour reprendre une expression inaugurée par la Maison-Blanche américaine – reste par ailleurs dans les limbes. A part la Chine, aucun autre Etat de l’Est asiatique ne montre d’empressement à s’afficher aux côtés de la dictature poutinienne. A l’exception de la Corée du Nord.

A l’inverse, Barack Obama arrivait à Pékin en président qualifié d’«insignifiant» par la presse nationaliste locale après sa débâcle électorale. Le choc des valeurs entre les Etats-Unis et la Chine est par ailleurs de plus en plus patent, Xi Jinping ne cachant plus que l’ordre mondial hérité de la pax americana imposée après la Seconde Guerre mondiale a vécu. On pouvait donc craindre une crispation plus marquée entre les deux grandes puissances.

Mais là encore les pronostics ont été largement déjoués. Les présidents américain et chinois ont signé ou annoncé une batterie d’accords – économique, militaire, technologique, énergétique, environnemental – qui devraient insuffler une nouvelle dynamique entre ces deux nations à la recherche d’un nouveau consensus. Il s’agit d’une indéniable victoire pour Barack Obama, dont la politique de rééquilibrage vers l’Asie de l’Est prend désormais tout son sens.

Les annonces dans le domaine commercial et la promesse de nouveaux espaces de libre-échange, la Chine s’y arrimant dans un second temps, sont les plus susceptibles d’influencer le cours des affaires internationales. Ce n’est sans doute pas tout à fait un hasard si, deux jours plus tard, on apprenait que l’Inde faisait un pas à l’OMC pour débloquer le «paquet de Bali» en annonçant un accord avec Washington sur les subventions agricoles.

Au-delà des effets d’annonce, en particulier l’accord sur le climat – jugé historique –, le véritable succès de Barack Obama est d’avoir réussi à renforcer la position de la Chine dans l’ordre international existant alors qu’elle est de plus en plus tentée, avec la Russie, de créer des institutions concurrentes, comme le souligne Elizabeth C. Economy, du think tank américain Council on Foreign Relations.

A Pékin, Xi Jinping a bien occupé le centre de la scène. Mais c’est le président américain qui demeure le maître du jeu. S’il le peut, c’est que son économie redémarre et qu’il a évité jusqu’ici l’embourbement dans une aventure moyen-orientale. La marginalisation de Poutine, elle, devrait se renforcer ce week-end au sommet du G20.

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