Quelles leçons ont été tirées de la Guerre froide?
Le troisième millénaire duquel il était attendu beaucoup pour le développement humain n’a pas été au rendez-vous des attentes. Les guerres, les famines, les maladies sont toujours là. Or, en cette fin de 2014, le monde est plus que jamais proche du retour de la Guerre froide que d’aucuns estimaient bannie. Nous n’en sommes pas là! Les intérêts stratégiques des puissants ont en décidé autrement et figé toute avancée vers un monde débarrassé des peurs et des oukases. Ce qu’illustrent absolument les guerres civiles en Ukraine et en Syrie, le chaos en Libye…Mais, à bien y regarder, l’Occident n’est guère étranger à cette évolution négative des situations dans trois régions géostratégiques: en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Afrique. Pour la Libye, la situation compliquée qui y prévaut est d’abord due à l’intervention militaire de l’Occident et son bras armé, l’Otan, qui ont laissé diverses milices – directement ou indirectement soutenues par l’Occident, via le Qatar et l’Arabie saoudite – entretenir un chaos propice à toute immixtion étrangère ultérieure. Dans un Moyen-Orient quasiment sous la coupe états-unienne, la Syrie apparaissait comme le village gaulois défiant César. Il fallait abattre ce drôle d’Astérix qui avait pour nom «Bachar al-Assad». Certes, le personnage est peu sympathique, mais reconnaissons-lui qu’il a su tenir la dragée haute à l’Occident et à la déferlante jihadiste lancée sur la Syrie. La résistance syrienne, inattendue, a changé la donne qui a contraint l’Occident à temporiser et à revoir ses plans.
La crise en Ukraine – une provocation délibérée de l’Occident et des putschistes fascistes qui ont pris le pouvoir à Kiev – qui s’est transformée en guerre civile a aussi pris une tournure non programmée par les Etats-Unis et les grandes puissances européennes qui estimaient venu le temps d’ôter à Moscou sa prépondérance sur les pays de l’Europe de l’Est ex-communiste et fermer le glacis autour de la Russie. Il est vrai que la chute du mur de Berlin en 1989, la disparition de l’Urss et le démembrement du bloc soviétique ont laissé la Russie groggy. Fort de ladite victoire – en fait, une victoire à la Pyrrhus – sur le bloc communiste qui a vu la fin de la guerre froide, l’Occident en général, les Etats-Unis en particulier, se mirent à préparer donc le retour de l’Empire – modèle britannique et français que les indépendances ont fait disparaître – et un long règne impérial sur le monde. Pour ce faire, il fallait d’abord, contenir et mettre sur la défensive la seule puissance militaire – hors Occident – capable de contrarier ce projet. Toutefois, ils ne semblent pas avoir pris en considération la donne Poutine, l’actuel locataire du Kremlin, qui est d’une toute autre trempe que ne l’a été Mikhaïl Gorbatchev – qui croyait sincèrement que le monde pouvait s’amender – ou Boris Eltsine – qui dansait la polka un verre de vodka à la main – et qu’il ne se laisserait pas faire répondant du tac au tac à toute initiative pouvant nuire à la Russie. Ainsi, tant en Syrie – où il contraignit le président US, Barack Obama à reculer – qu’en Ukraine – aucune solution n’est possible sans la coopération de Moscou – Vladimir Poutine marqua son territoire et les limites que l’Occident ne pourra franchir sans en assumer tous les risques qui peuvent, outre ranimer la Guerre froide, donner lieu à une explosion qui pourrait bien être atomique. Depuis l’an 2000, l’Occident s’est engagé dans une reconquête à rebours de sa puissance d’antan et la reconstruction de l’Empire. Les Etats-Unis avaient ainsi mis au point des plans (restructuration du Moyen-Orient en petits Etats ethniques et confessionnels à la solde de Washington) qui devaient éliminer les Etats arabes capables de leur résister et de résister à leur gendarme avancé, Israël. En Europe, l’Otan – un substrat des USA – avait trop envie d’étendre ses prérogatives à l’Est par l’installation de bases militaires aux portes de la Russie (cf; les déclarations bellicistes des différents responsables de l’Alliance atlantique) supputant que cette dernière n’a plus les moyens de s’y opposer. Et faire d’une pierre deux coups: couper la Russie de sa profondeur européenne et cerise sur le gâteau la neutraliser. Le moins que l’on puisse observer – à moins d’être de mauvaise foi – est que l’Occident n’a lésiné, ces dernières années, sur aucune provocation afin de tester les réactions de Moscou. Aussi, tous les ingrédients et signes qui annoncent le retour à la Guerre froide sont-ils là. En fait, l’Occident impérial ne se satisfait que d’une paix où tous les atouts sont entre ses mains ou, à défaut, d’une paix armée avec tout ce qu’elle induit sur la sécurité du monde. Toutefois, à force de jouer avec le feu, Etats-uniens et Européens risquent de s’y brûler.
It is not really so complicated. Russia’s annexing of Ukrainian Crimea and its invasion of eastern Ukraine is the cause of east-west tensions. And the desire of the former Soviet-satellite states to want protection from Moscow for their newly won freedom is not a provocation, but has now been clearly shown to be rational and necessary.