Hillary Clinton devait s’y attendre. Les républicains lui tirent déjà dessus au sujet de son bilan en politique étrangère du temps où elle était secrétaire d’État lors du premier mandat de Barack Obama.
La politique étrangère pèse peu dans une campagne électorale, dit-on. Les questions locales, l’économie et l’environnement sont les thèmes qui la structurent, aux États-Unis comme ailleurs. Sauf que… il y a le 11 septembre 2001, les guerres en Afghanistan et en Irak, la lutte contre le terrorisme. George Bush est réélu en 2004 sur le thème «on ne change pas de capitaine au milieu de la tempête», et Barack Obama est élu sur celui «du capitaine qui ramène le navire à bon port».
Or, depuis l’arrivée au pouvoir d’Obama en 2009, la situation internationale reste aussi turbulente – Ukraine, Libye, Yémen, Syrie, Mali, groupe État islamique – qu’incertaine – Iran, Chine, Russie – , et les républicains en font porter la responsabilité au président sortant et à Hillary Clinton.
Si seulement ces deux-là avaient fait preuve de plus de poigne (comprenez: lâcher encore plus de bombes), tous ces ayatollahs et ces Poutine rentreraient sous le tapis, pensent-ils. Cette vision simpliste des affaires mondiales est largement partagée par les candidats républicains à la présidentielle de l’an prochain. Ted Cruz et Marco Rubio, déjà en piste, y adhèrent. Les candidats potentiels, Chris Christie, Scott Walker et Jeb Bush, lorsqu’ils ont des idées, tracent quelques nuances. Rand Paul, candidat déclaré, lui, reste insaisissable.
Si les républicains ont trouvé un semblant d’unité autour d’une politique étrangère extrémiste, ils se divisent sur celui qui pourrait la mettre en oeuvre une fois au pouvoir. Le sénateur John McCain voit en Ted Cruz un parfait «dingue». Un de ses collègues estime que Rand Paul aurait signé avec l’Iran un accord pire que celui endossé par Obama.
Les républicains, des enragés
Mais au-delà des personnes, les républicains dans leur ensemble montrent plutôt le visage d’une bande d’enragés prêts à affaiblir les intérêts des États-Unis afin de détruire l’héritage des démocrates. Dimanche dernier, en éditorial, le New York Times a bien résumé la situation. «Alors que la présidence Obama tire à sa fin, la rage de l’establishment républicain à son égard devient de plus en plus tonitruante, colérique et destructive», peut-on y lire.
À deux reprises, sur la question iranienne, les républicains ont agi de manière déloyale, soulevant des questions sur leur habileté à gouverner la première puissance mondiale. Ils ont invité le premier ministre israélien à venir critiquer devant le Congrès les efforts d’Obama pour trouver une entente sur le programme nucléaire iranien (imagine-t-on les démocrates invitant Jacques Chirac à venir dénoncer la guerre contre l’Irak?). Un des leurs, Tom Cotton, sénateur depuis deux mois, a convaincu 46 de ses collègues de signer une lettre aux dirigeants iraniens les avertissant qu’ils feront tout pour saboter l’accord de Lausanne. Du jamais vu.
Ce groupe désemparé et excité, tirant à vue sur tout ce qui bouge, a devant lui une Hillary Clinton forte d’un quart de siècle d’expérience en politique étrangère. Dans les années 90, elle était auprès de son mari, Bill, lorsque celui-ci a fait avancer les processus de paix en Bosnie et entre Israéliens et Palestiniens. Comme sénatrice de New York, puis secrétaire d’État, elle s’est rendue dans plus de 120 pays retisser les liens que l’administration Bush avait distendus en menant la guerre contre l’Irak.
Elle a été au coeur des négociations qui ont permis le rétablissement des relations avec Cuba et le dégel avec l’Iran. Elle a appuyé la réorientation de la politique américaine vers l’Asie-Pacifique. Elle a toutefois échoué à relancer les relations avec la Russie, et l’aventure libyenne s’est révélée une catastrophe.
Hillary Clinton n’a pas à rougir de son bilan. Elle est bien en selle devant ses adversaires républicains dont la vision du monde est marquée du sceau de l’extrémisme.
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