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Guy Taillefer 21 January 2016
SARAH PALIN
Noces républicaines
De la candidature de Sarah Palin à la vice-présidence en 2008 à celle de Donald Trump à la présidence de 2016, la relation entre ces deux ultras était depuis déjà un certain temps devenue symbiotique. Même personnalité tapageuse, même tendance lourde à ne pas faire dans la dentelle. Tout a concouru à leur communion d’esprit, à commencer par le retentissement avec lequel ils jouent les outsiders anti-establishment.
Le mariage aurait apparemment été consommé en 2011 quand Mme Palin a donné son appui à M. Trump dans sa croisade pour obtenir du président Obama qu’il rende public son acte de naissance prouvant qu’il était bien de nationalité américaine. C’est dire à quel point ces deux-là se sont toujours efforcés de relever le débat.
Il était donc dans l’ordre des choses que Sarah Palin finisse par endosser la candidature du milliardaire mal engueulé à l’investiture du Parti républicain à l’élection présidentielle de novembre prochain. Encore qu’en fait, elle n’a pas moins d’affinités idéologiques avec le sénateur du Texas, Ted Cruz, principal rival de M. Trump. L’extraordinaire visibilité dont bénéficie ce dernier en aura sans doute décidé pour celle dont l’ego souffrait d’être loin des feux de la rampe.
M. Trump continue de mener la course républicaine à l’échelle nationale, mais il est au coude à coude avec M. Cruz dans les sondages menés dans l’État de l’Iowa, où s’ouvre, le 1er février, le long cycle des caucus et des primaires. Si une victoire aux caucus du petit Iowa n’est pas essentielle à la survie de la candidature de M. Trump, elle l’aiderait à couler celle de M. Cruz qui, lui, a impérativement besoin de l’emporter. D’où l’entrée en scène opportune de Sarah Palin, toujours très populaire parmi les militants.
En l’occurrence, les réseaux de cette égérie du mouvement conservateur du Tea Party seraient particulièrement bien développés dans l’Iowa, où il s’agit concrètement, pour que le camp Trump puisse l’emporter, de faire échec à l’ascendant dont dispose M. Cruz sur les électeurs évangéliques — cet influent bloc de votants sans l’appui desquels un candidat républicain ne peut guère espérer décrocher la victoire. Tout se joue très, très à droite.
Ce qu’elles sont monstrueuses, ces noces républicaines. Pour une partie de l’électorat, l’appui de Mme Palin, ancienne gouverneure de l’Alaska, apporte de la légitimité à la candidature de M. Trump, aussi surréaliste que cela puisse paraître. Et bien que le congrès d’investiture n’ait pas lieu avant l’été prochain, il devient maintenant possible, ce qui n’est pas moins surréaliste, d’envisager un ticket Trump-Palin à la présidentielle de novembre. Que devient dans ces conditions le Parti républicain ? Une institution dont la machine ne contrôle plus rien.
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