Project Montreal Should Draw Inspiration from Bernie Sanders

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Samuel Lamoureux 27 January 2016

Projet Montréal devrait s’inspirer de Bernie Sanders

Le candidat à l’investiture démocrate doit sa montée en popularité à la force de ses relations publiques

Le maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, a annoncé dimanche qu’il renonçait à tenter de briguer la mairie de Montréal en 2017. Son argument est principalement celui de l’image qu’il projette. « Je veux laisser la place à quelqu’un qui n’aura pas le boulet de la réputation et qui ne risque pas de faire peur aux Montréalais », déclarait-il dans les pages du Devoir du 25 janvier. Autrement dit, il aurait perdu la bataille des relations publiques.

Cette déclaration représente bien le mur auquel se bute souvent la gauche contemporaine et la difficulté pour les leaders progressistes de survivre à la bataille de l’image. Par leur refus d’utiliser les relations publiques, ou simplement par leur mauvaise compréhension des avantages qu’apporte une bonne utilisation de ces outils, les options à gauche sont souvent forcées de rester dans l’ombre.

Or, un personnage politique récent nous prouve le contraire. Le candidat à l’investiture démocrate Bernie Sanders, à qui on attribue maintenant de bonnes chances de remporter la primaire du New Hampshire, a principalement bâti son image dans la dernière année par la force de ses relations publiques. En mai dernier, un sondage de YouGov demandait aux Américains leur opinion quant au socialisme et au capitalisme. Les répondants démocrates étaient alors divisés sur le sujet, accordant 43 % d’opinions positives à chaque idéologie. En octobre, après le début de la campagne de Bernie Sanders, le même sondage a été refait et cette fois-ci, les chiffres avaient changé : 49 % des répondants avaient une vision positive du socialisme et seulement 37 % du capitalisme.

Appuis chez les jeunes

Cette montée du sénateur du Vermont grâce à ses relations publiques est due en grande partie à l’appui que celui-ci est allé chercher chez les jeunes. La page Facebook The people for Bernie Sanders publie en moyenne 15 fois par jour des statuts et photos très décomplexés sur les discours du politicien ou encore sur l’avantage du socialisme. À ceci, il faut ajouter la page officielle de Bernie Sanders qui publie à peu près à la même vitesse, en plus des comptes Twitter et autres médias sociaux. Pendant la tempête de neige qui vient de s’abattre sur les États-Unis, une série de memes (photos humoristiques) a même été publiée célébrant le travail des déneigeuses, qualifié de « travail socialiste » par la page.

Sachant que beaucoup d’Américains de moins de 30 ans s’informent sur les réseaux sociaux, l’utilisation de ces médias par l’équipe de relations publiques du sénateur est ingénieuse. Qui aurait pu croire que l’utilisation du mot « socialiste » aurait si bien passé pendant une course à la Maison-Blanche ? Un autre sondage plus récent, publié au mois de décembre 2015, disait que les 18 à 29 ans favorisaient désormais Bernie Sanders à 58 %, contre 35 % pour Hillary Clinton.

Plutôt social-démocrate

Au final, Bernie Sanders est sans doute beaucoup moins socialiste et radical que sa réputation ne le laisse le croire. Lors de son discours sur le socialisme démocratique tenu cet automne, c’est beaucoup plus un social-démocrate assez keynésien qui a fait surface. Ses arguments portaient sur une meilleure redistribution de la richesse, sur l’augmentation des impôts des grandes banques, mais aussi sur l’implantation d’un meilleur filet social et d’un système démocratique plus représentatif.

Mais au-delà de la question de savoir où campe vraiment de Bernie Sanders, c’est, je le répète, son utilisation des relations publiques pour aller chercher les jeunes de moins de 30 ans qui est à retenir et même à étudier pour notre gauche. Si Luc Ferrandez avait utilisé les mêmes stratégies, il n’aurait peut-être pas eu à se retirer de la course à la mairie. Les partis politiques québécois comme Projet Montréal ou Québec solidaire ne pourraient-ils pas aussi aspirer à une révolution politique passant par le support des moins de 30 ans ? L’exemple empirique est sous nos yeux.

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