Wall Street Doesn’t Give a Damn about Donald Trump

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Comment l’élection possible de Donald Trump à la présidence américaine est-elle perçue à Wall Street ? Est-ce que l’on appréhende en novembre prochain le capotage des marchés boursiers ? Le dollar américain va-t-il chuter abruptement ? Va-t-on assister au début d’une nouvelle ère isolationniste qui va enfermer les États-Unis bien au-delà du mur que le candidat républicain souhaite ériger à la frontière mexicaine ?

Voilà les questions que j’avais en tête lorsque j’ai contacté François Trahan, stratège boursier et cofondateur de la firme de recherche indépendante Cornerstorne Macro, à New York, au moment où Donald Trump a été officiellement couronné candidat du Parti républicain pour l’élection présidentielle américaine de novembre.

François Trahan a été encore désigné en 2015 stratège boursier numéro 1 de Wall Street par la revue Institutional Investors. C’est la neuvième fois au cours des 12 dernières années que ce diplômé de HEC Montréal arrive au sommet de ce prestigieux et très sélect palmarès.

Curieusement, alors qu’une majorité de Canadiens – et de citoyens de partout dans le monde – s’inquiète de plus en plus d’une possible victoire de Donald Trump à la prochaine élection américaine, Wall Street, la capitale mondiale de la haute finance où Donald Trump a d’ailleurs ses quartiers, ne semble pas du tout prendre cette éventualité au sérieux.

« Tout le monde en parle parce que c’est le meilleur show disponible ! Nous avons publié des études sur les entreprises qui vont bénéficier ou qui vont perdre d’une présidence Trump, mais elles n’ont pas généré beaucoup d’intérêt. »

– François Trahan, stratège boursier qui vit depuis plus de 20 ans à New York

Si les grands gestionnaires de portefeuille et les décideurs financiers de Wall Street considèrent encore la candidature officielle de Donald Trump comme un simple divertissement, c’est que même les sites de paris ne donnent que 25 % de chances au flamboyant homme d’affaires de remporter l’élection, selon François Trahan.

« C’est à peu près le même pourcentage que lui accorde Nate Silver », souligne le gestionnaire en faisant référence au célèbre statisticien qui a prédit avec justesse, à l’élection présidentielle de 2008, les résultats de 49 des 50 États et qui a obtenu un score parfait de 50 sur 50 États à la dernière élection de 2012.

LOUFOQUE, FLOU ET PROTECTIONNISTE

On le sait, Donald Trump a obtenu l’investiture républicaine sans aucun appui de l’establishment du parti, qui s’est fait très discret depuis le début de la convention de Cleveland.

Même les élus républicains qui sont présents et qui ont pris la parole ont été passablement silencieux sur leur nouveau chef et ont préféré s’attaquer à l’adversaire démocrate Hilary Clinton.

L’ex-président George W. Bush – qui est loin d’être l’Américain le plus libéral – a refusé de critiquer ouvertement Donald Trump, mais il a toutefois affirmé dans une entrevue s’inquiéter des trois « isme » que cultive le candidat Trump, soit le protectionnisme, l’isolationnisme et le nativisme.

Si Wall Street réagit encore peu à la candidature de Donald Trump, c’est aussi parce que le candidat républicain n’a pas encore donné beaucoup de précisions sur son plan économique.

Si plusieurs estiment avec raison que Trump est avant tout un personnage loufoque qui peut tout dire et son contraire, il est aussi un grand spécialiste dans l’art d’entretenir le flou sur un tas de sujets.

Mais on sait une chose, puisqu’il a fait quantité de discours sur le sujet, c’est qu’il est un furieux protectionniste en faveur de l’imposition de droits douaniers pour protéger des secteurs industriels aux États-Unis qui auraient souffert de la concurrence étrangère.

Donald Trump exigerait aussi la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, qui regroupe le Canada, les États-Unis et le Mexique – le plus mauvais accord commercial de toute l’histoire, selon lui -, et qu’il ne ratifierait pas le Partenariat transpacifique.

Il est évident, selon François Trahan, que cette répudiation de la libéralisation des échanges commerciaux pourrait faire réagir négativement les marchés en cas d’élection surprise à la présidence américaine de Donald Trump.

Mais on n’en est pas là et, pour l’instant, Wall Street se fout pas mal que la candidature de Trump comme candidat républicain ait été officialisée mardi. C’est loin d’être la catastrophe que nous, simples mortels, appréhendons avec une inquiétude, pour certains avec peur, qui pourrait durer jusqu’au 8 novembre prochain.

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