During a hearing in Congress this week, Facebook, Twitter and Google authorities publicly recognized the role that their companies played in the influence strategy implemented by Russia during the 2016 U.S. presidential election. Moscow couldn’t have dreamt of a better ally than social media to help achieve its aim of promoting victory for Donald Trump.
The submitted figures speak for themselves. Offices with more or less direct links to Russian authorities reportedly broadcast more than 1,000 videos on YouTube, published more than 131,000 tweets, and invested in thousands of cases of political advertising, reaching more than 126 million Facebook users. In this context, the representatives of the American people are well within their rights to oblige social media to reflect on their political responsibilities and to implement a more rigorous supervision of their activities.
Public Opinion Vulnerable to Propaganda
More fundamentally, the 2016 election highlights the remarkable vulnerability of American democracy when faced with propaganda and misinformation. This phenomenon is certainly not new. Rather, it is embedded within a larger dynamic whereby authoritarian regimes have spent recent years attempting to destabilize Western democracies.
Propaganda and misinformation have been perceived as key components —as have military tactics—in global strategies implemented by U.S. adversaries in order to target public opinion identified as being critically vulnerable. For example, Filipino insurgents tried to influence the presidential election in 1900 by denouncing violence committed by American troops. They even gained support from people with influence such as Mark Twain or Andrew Carnegie, who denounced President McKinley’s annexation proposal.
The Vietnam War is a textbook case, as the North Vietnamese regime was particularly skillful in its strategy of manipulating U.S. public opinion. The use of human shields, the exploitation of rules of engagement to increase American military casualties as well as those inflicted within civil populations, and the propagation of false information relayed by celebrities such as Jane Fonda or even respected New York Times journalists significantly contributed to the anti-war movement and to the U.S. defeat.
Clearly, progress in communication technology has facilitated the implementation and reach of propaganda operations. Easy to use and irresponsible in the sense that there is an objection to assuming control over published content, social media has naturally become the ideal vector. Especially in the U.S., social media constitute a source of information for around two-thirds of all adults.
An Existential Threat for Democracy
It’s true that using the most appropriate tools to try and influence another country’s political outcome is nothing inherently new. Even so, democracies, particularly the U.S., aren’t blameless in the matter. And there’s nothing unfair or worrisome in one day seeing them succumb to their own medicine.
The current situation is worrisome, however. As Thorsten Benn recently demonstrated in the magazine Foreign Affairs, Moscow’s willingness to interfere in the 2016 U.S. elections is embedded within a larger trend, whereby authoritarian regimes are deploying increasingly sophisticated influence strategies. In this way, they have two main objectives.
On the one hand, they’re aiming to oppose what they perceive to be hostility from Western liberal democracies in order to ensure their survival. On the other hand, they’re trying to impose less liberal values on a new international management structure in order to preserve their zones of influence and/or their governing model. In order to reach these two objectives, they intend to discredit Western democracies, notably their electoral processes, and create dissension within and between them.
Stagnant for barely two decades, authoritarian regimes today appear strengthened and determined to weaken Western states. Although less apparent than Islamist terrorism, the threat is no less existential. However, it’s not the current occupant of the White House who will be the standard bearer of a potential counterattack.
Lors d’auditions devant le Congrès cette semaine, des responsables de Facebook, de Twitter et de Google ont publiquement reconnu le rôle que leurs entreprises avaient joué dans la stratégie d’influence mise en oeuvre par la Russie lors de l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Afin de réaliser son objectif de favoriser la victoire de Donald Trump, Moscou ne pouvait pas rêver de meilleurs alliés que les réseaux sociaux.
Les chiffres avancés sont éloquents. Des officines plus ou moins directement liées au pouvoir russe auraient diffusé plus de 1000 vidéos sur YouTube, envoyé plus de 131 000 tweets et acheté des milliers de publicités politiques ayant touché plus de 126 millions d’utilisateurs de Facebook. Dans ce contexte, il est tout à fait légitime que les représentants du peuple américain forcent les médias sociaux à s’interroger sur leurs responsabilités dans la vie politique et envisagent d’encadrer plus rigoureusement leurs activités.
Une opinion publique vulnérable à la propagande
Plus fondamentalement, l’élection de 2016 souligne la remarquable vulnérabilité de la démocratie américaine face à des manoeuvres de propagande et de désinformation. Ce phénomène n’est certes pas nouveau. Il s’inscrit néanmoins dans une dynamique plus large qui voit depuis quelques années les régimes autoritaires tenter de déstabiliser les démocraties occidentales.
La propagande et la désinformation apparaissent comme des composantes clés, au même titre que les tactiques militaires, de stratégies globales mises en oeuvre par des adversaires des États-Unis afin de cibler une opinion publique identifiée comme une vulnérabilité critique. Par exemple, les insurgés philippins tentèrent d’influencer l’élection présidentielle de 1900 en dénonçant les exactions commises par les troupes américaines. Ils disposèrent même de relais parmi des influenceurs tels Mark Twain ou Andrew Carnegie, qui dénonçaient la politique d’annexion du président McKinley.
La guerre du Vietnam constitue un cas d’école tant le régime nord-vietnamien fut particulièrement habile dans sa stratégie de manipulation de l’opinion publique américaine. L’usage de boucliers humains, l’exploitation des règles d’engagement pour augmenter les pertes chez les militaires américains autant que celles infligées par ceux-ci au sein des populations civiles, la propagation de fausses informations relayées par des vedettes comme Jane Fonda ou même des journalistes du respecté New York Times contribuèrent significativement au mouvement d’opposition à la guerre et à la défaite des États-Unis.
De toute évidence, les progrès dans les technologies de communication facilitent la mise en oeuvre et la portée des opérations de propagande. Faciles d’utilisation et irresponsables dans la mesure où ils rechignent à assumer un contrôle des contenus qu’ils diffusent, les médias sociaux en deviennent naturellement un vecteur privilégié. D’autant plus qu’aux États-Unis, ils constituent une source d’information pour environ les deux tiers des adultes.
Une menace existentielle pour les démocraties
Il est vrai qu’utiliser les meilleurs outils pour tenter d’influencer la vie politique d’un autre État n’a rien de fondamentalement nouveau. Au demeurant, les démocraties, États-Unis en tête, ne sont pas en reste en la matière et il n’y aurait rien d’injuste ou d’inquiétant à les voir subir à l’occasion leur propre médecine.
La situation actuelle est néanmoins préoccupante. Comme l’a récemment démontré Thorsten Benner dans la revue Foreign Affairs, la volonté de Moscou d’interférer dans l’élection américaine de 2016 s’inscrit dans une tendance plus large qui voit les régimes autoritaires déployer des stratégies d’influence de plus en plus sophistiquées. Ils visent ainsi deux objectifs principaux.
D’une part, ils visent à contrecarrer ce qu’ils perçoivent comme une hostilité chez les démocraties libérales occidentales à leur endroit et donc à assurer leur survie. D’autre part, ils tentent d’imposer des valeurs moins libérales à un nouvel ordre international en gestation afin de préserver leurs zones d’influence et/ou leur modèle de gouvernance. Pour atteindre ces deux objectifs, ils cherchent à discréditer les démocraties occidentales, notamment leurs processus électoraux, et à créer des dissensions en leur sein et entre elles.
Moribonds il y a à peine deux décennies, les régimes autoritaires apparaissent aujourd’hui renforcés et déterminés à affaiblir les États occidentaux. Moins évidente que le terrorisme islamiste, cette menace n’en est pas moins existentielle. Ce n’est pourtant pas l’actuel locataire de la Maison-Blanche qui pourra être le porte-étendard de la contre-attaque qu’il conviendra de mener.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link
.