Since the turn of the millennium, life expectancy has declined in the United States. This phenomenon is particularly observable among white men with little education. We look at the reasons for this drift.
Among developed countries, the United States stands out for a surprising reason. Since the turn of the millennium, the mortality rate of the middle-aged has been rising, an increase sufficiently significant to negatively affect life expectancy. With the United States also conspicuous for its high – and rising – level of income inequality, it’s tempting to link the two, and to see in the rising mortality rate an unexpected and dramatic consequence of renewed inequality. Several analysts have made this connection.
A recent article by Case and Deaton, who brought the recent rise in mortality rate to light, suggests the connection to be more complex than it seems, though it’s equally concerning with regard to the evolution of post-industrial societies. According to them, it isn’t the growing inequality of incomes measured at each point in time that is the cause of the rising mortality rate, but more likely a change in the way professional and social attitudes are handed down from one generation to the next, itself possibly the result of globalization and technological change.
Deaths of Despair
Their argument rests on three main points. The first is that the increased mortality rate only concerns the white population whose education ends after high school. At every stage of life, mortality continues its age-old decrease for African-American and Hispanic populations and for those with a higher level of education. It’s therefore not a question of income having a direct effect, as black and Hispanic populations have experienced the same economic hardships as less educated white people.
Secondly, the increased mortality rate of the latter is due mainly to a rise in deaths described as “deaths of despair.” These include suicide, death from alcoholism or drug dependency, including addiction to opioids, which are intended to ease chronic pain, often of a depressive origin. It’s also due, to a lesser extent, to a slowing down in the same population of the fall in mortality rate for those with heart conditions. However, other causes of death have evolved in a similar fashion to that observed in other population groups.
Thirdly, the increased mortality rate includes a strong generational component. At any given age, the mortality rate increases systematically from one demographic group to the next. In other words, the mortality rate for those aged between 30 years old and 35 years old in the group born in 1980 is higher than that of the groups born in 1970 and 1960 at the same age, this being equally true for the 40-year-olds to 45-year-olds born in 1970 compared to those born in 1960, etc.
Disintegration of the Working Class
In this intergenerational context, statistical analysis reveals an evolutionary factor common to the increase in suicide, alcoholism, certain physical conditions (notably arthritic and sciatic pain), depression, social isolation, but also – and above all – to withdrawal from the labor market and the fall in wages for unskilled labor.
If this type of analysis doesn’t allow one to conclude a causal relationship between these diverse economic and social dysfunctions, it nevertheless suggests that the labor market and the major traumas it has been subjected to in recent decades (globalization, technological change) may have played a decisive role. Ultimately, Case and Deaton view this set of phenomena as an expression of the disintegration of the working class in America at the beginning of the 1970s, then at its peak.
They are probably right and one can’t help but be drawn to the populist conclusion of Donald Trump when he proclaims his desire to bring American industry and its lost “jobs” back home. He’s succeeded in convincing a large part of the working class with this kind of talk. But, of course, these jobs won’t come back.
L'inquiétante augmentation de la mortalité aux Etats-Unis
François Bourguignon / Professeur à Paris School of Economics.
LE CERCLE/LE COMMENTAIRE - Depuis le tournant du millénaire, l'espérance de vie se dégrade aux Etats-Unis. Un phénomène que l'on observe notamment chez les hommes blancs peu diplômés. Les raisons d'une dérive.
Parmi les pays développés, les Etats-Unis se singularisent par un phénomène surprenant : une hausse de la mortalité à des âges intermédiaires depuis le tournant du millénaire, hausse suffisamment importante pour affecter négativement l'espérance de vie. Dans la mesure où les Etats-Unis se singularisent également par un niveau élevé et en progression continue de l'inégalité des revenus, il est tentant de rapprocher ces deux évolutions et de voir dans la hausse de la mortalité une conséquence inattendue et dramatique du regain d'inégalité. Plusieurs analystes ont fait ce rapprochement.
Un article récent de Case et Deaton, qui avaient eux-mêmes mis à jour cette augmentation récente de la mortalité, suggère que la relation est plus complexe qu'il n'y paraît mais reste tout aussi inquiétante quant à l'évolution des sociétés post-industrielles. Selon eux, ce n'est pas l'inégalité croissante des revenus mesurée en chaque point du temps qui est cause de la hausse de la mortalité, mais plus probablement une modification de la distribution des perspectives professionnelles et sociales d'une génération à une autre, elle-même possiblement le résultat de la mondialisation et du changement technique.
Mort par désespoir
Leur argumentation repose sur trois points principaux. Le premier est que la hausse de la mortalité ne concerne que la population blanche dont l'éducation ne dépasse pas le secondaire. A tout âge, la mortalité poursuit sa diminution séculaire pour les populations afro-américaines et hispaniques et pour les personnes disposant d'un niveau supérieur d'éducation. Il ne s'agit donc pas d'un effet direct de revenu puisque les Noirs et les Hispaniques ont connu les mêmes chocs économiques que les Blancs moins éduqués.
Deuxième élément, la hausse de la mortalité chez ces derniers se doit principalement à une augmentation des décès qualifiés de « mort par désespoir », c'est-à-dire les suicides, les décès dus à l'alcoolisme ou la prise de drogue, y compris ceux qui résultent de l'addiction aux opioïdes destinés à soulager les douleurs chroniques - elles-mêmes souvent d'origine dépressive. Elle est aussi due, dans une moindre mesure, à un ralentissement dans la même population de la baisse de la mortalité pour cause cardiaque. En revanche, les autres causes de mortalité ont évolué de façon similaire à ce qui est observé dans d'autres groupes de population.
Troisième argument, la hausse de la mortalité comprend une forte composante générationnelle. A âge donné, on observe ainsi que la mortalité augmente systématiquement d'une cohorte démographique à la cohorte suivante. Autrement dit, la mortalité entre 30 et 35 ans de la cohorte née en 1980 est supérieure à celle des cohortes nées en 1970 ou 1960 au même âge, ceci étant tout aussi vrai pour les 40-45 ans nés en 1970 vis-à-vis de ceux nés en 1960, etc.
Effondrement de la classe ouvrière
Dans ce cadre intergénérationnel, l'analyse statistique révèle un facteur évolutif commun à la progression des suicides, de l'alcoolisme, de certaines affections physiques, notamment les douleurs articulaires et les sciatiques, des dépressions, de l'isolement familial, mais aussi, et surtout, au retrait du marché du travail et à la baisse des salaires non-qualifiés.
Si ce type d'analyse ne permet pas de conclure à une relation de causalité entre ces divers dysfonctionnements économiques et sociaux, elle laisse tout de même penser que le marché du travail et les chocs majeurs auxquels il a été soumis au cours des dernières décennies (mondialisation, changement technique) ont pu jouer un rôle moteur. Au total, Case et Deaton voient cet ensemble de phénomènes comme l'expression de l'effondrement au début des années 1970 de la classe ouvrière américaine, alors à son apogée.
Ils ont probablement raison et l'on ne peut s'empêcher de rapprocher cette conclusion du populisme de Donald Trump clamant sa volonté de rapatrier l'industrie américaine et ses « jobs » disparus. Il a réussi à convaincre une large part de la classe ouvrière par ce discours. Mais, bien sûr, ces jobs ne reviendront pas.
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