Rex, the Brave Secretary of State

Published in Le Devoir
(Canada) on 2 December 2017
by Julien Tourreille (link to originallink to original)
Translated from by Kristin Dale. Edited by Helaine Schweitzer.
Rumors are spreading that he will be replaced as the head of American diplomacy, possibly by Mike Pompeo, director of the CIA. Since taking the position, he has been presented as ineffective, isolated, visionless, and as someone who is leading his department into a wall. Rex Tillerson is not the worst secretary of state in recent U.S. history. In fact, his track record shows perfectly the advanced state of deterioration in which the State Department has stagnated for at least a quarter of a century.

The prevailing situation in the State Department justifiably feeds the criticism and fear around the United States’ ability to lead a coherent and effective foreign policy. Madeleine Albright, secretary of state under Bill Clinton from 1997-2001, is the latest leading figure to share her unease in an op-ed column published in The Washington Post this Wednesday.

It’s rather gloomy in Foggy Bottom, the western quarter of the White House where the State Department is located. The group’s morale is indeed low, with high-level diplomats jumping ship by the dozens, key posts not always being filled, and Tillerson supporting a draconian decrease—about 30 percent—in the department’s meager budget.

The Voice of a Visionless Master

More concerning, the former CEO of ExxonMobil and President Trump have not always put forward a clear vision of the foreign policy that they intend to conduct, and have not shown much interest in diplomacy or in the country’s civil servants mastering the art. The former intends to reduce costs and increase effectiveness of a secular institution as if he were a business owner. Consequently, the necessary reform plan he wishes to carry out raises loud cries and resistance. The latter considers himself superior to experts in international relations and shows disdain for their expertise.

However, though both are tornadoes in the muffled world of diplomacy, Tillerson and Trump do not have a harmonious work relationship. The secretary of state halfheartedly denied calling the president a “moron” in July. In October, the latter snubbed Tillerson in a vitriolic tweet, ordering him to not waste his time finding a diplomatic solution to the crisis with North Korea. Unsurprisingly, such a dysfunctional duo only amplifies the United States’ loss of credibility on the international stage.

In this context, Tillerson may appear to be a good candidate for the worst secretary of state in recent U.S. history. This judgement, however, would be too severe, because in this, he has competition. Hillary Clinton was a loyal and energetic secretary, but her track record leading the State Department during Barack Obama’s first term is weak. Colin Powell may seem likeable and competent in the eyes of those who remember him. However, his presence at the head of American diplomacy will remain affected by his outrageous performance before the U.N. Security Council in February 2003. It was he, in fact, who presented the far-fetched proof of the existence of Iraq’s weapons of mass destruction program.

A State Department in a Dense Fog

The performances of recent secretaries of state have been far from flamboyant—not everyone can be Dean Acheson or Henry Kissinger. The State Department’s key problem, however, does not reside in the competence and talent of these individuals. Since the dual creation of the Department of Defense and the National Security Council in 1947, it is has found itself progressively marginalized in the process of developing foreign policy. It can hardly compete with the colossal human and financial resources of the former. At nearly $700 billion in 2018, the Defense Department budget is 12 times that of the State Department’s.

As for the National Security Council, it sees its size continuously grow and increasingly centralizes the United States’ foreign actions within the White House. The last secretary of state to have any real influence was James Baker, whose work relationship with George H.W. Bush and his national security advisor, Brent Scowcroft, was exceptionally harmonious. That was more than 25 years ago, in another era!

Tillerson’s days leading the State Department are perhaps numbered. His term will not have been disastrous and he will fall in with his immediate predecessors. In view of the president he has had to serve, his action could even appear rather honorable, notably in the implementation of more severe (and effective?) sanctions against North Korea.


La rumeur de son remplacement à la tête de la diplomatie américaine (possiblement par le directeur de la CIA, Mike Pompeo) reprend de l’ampleur. Depuis sa prise de fonction, il est présenté comme inefficace, isolé, sans vision et dirigeant son département contre un mur. Rex Tillerson n’est pourtant pas le pire secrétaire d’État de l’histoire récente des États-Unis. Son bilan illustre en fait parfaitement l’état de délabrement avancé dans lequel végète le département d’État depuis au moins un quart de siècle.

La situation qui prévaut au département d’État alimente, et justifie, les critiques et les craintes quant à la capacité des États-Unis à mener une politique étrangère cohérente et efficace. Madeleine Albright, secrétaire d’État de Bill Clinton de 1997 à 2001, est ainsi la dernière personnalité en date à avoir fait part de son malaise dans une tribune publiée ce mercredi dans le Washington Post.

Le temps est en effet maussade à Foggy Bottom, quartier à l’ouest de la Maison-Blanche où est situé le département d’État. Le moral des troupes serait en berne, des diplomates de haut niveau quittent le navire par dizaines, des postes clés ne sont toujours pas pourvus et Rex Tillerson soutient une baisse draconienne (de l’ordre de 30 %) du — maigre — budget du département qu’il dirige.

La voix d’un maître sans vision

Plus préoccupant, l’ancien patron d’ExxonMobil et le président Trump n’ont toujours pas exposé une vision claire de la politique étrangère qu’ils entendent mener et n’ont pas manifesté un grand intérêt pour la diplomatie et les commis de l’État qui en maîtrisent l’art. Le premier entend réduire les coûts et augmenter l’efficacité d’une institution séculaire comme s’il était à la tête d’une entreprise. Dès lors, le nécessaire projet de réforme qu’il souhaite mener suscite hauts cris et résistances. Le second s’estime supérieur aux spécialistes des relations internationales et en méprise l’expertise.

Tornades dans le monde feutré de la diplomatie, Tillerson et Trump n’entretiennent cependant pas une relation de travail harmonieuse. Le secrétaire d’État n’avait que très mollement démenti en juillet avoir qualifié le président de « moron ». En octobre, ce dernier a rabroué Tillerson dans un tweet au vitriol, lui enjoignant de ne pas perdre de temps à trouver une solution diplomatique à la crise avec la Corée du Nord. Sans surprise, un duo aussi dysfonctionnel ne fait qu’amplifier la perte de crédibilité de la parole des États-Unis sur la scène internationale.

Dans un tel contexte, Tillerson peut apparaître comme un bon candidat au titre de pire secrétaire d’État de l’histoire récente des États-Unis. Un tel jugement serait néanmoins trop sévère tant la compétition en la matière est relevée. Hillary Clinton fut une secrétaire loyale et énergique, mais son bilan à la tête du département d’État lors du premier mandat de Barack Obama est famélique. Colin Powell peut bien apparaître sympathique et compétent aux yeux de ceux qui se souviennent de lui. Son passage à la tête de la diplomatique américaine restera marqué par son effarante prestation devant le Conseil de sécurité de l’ONU en février 2003. C’est en effet lui qui présenta les preuves farfelues de l’existence d’un programme irakien d’armes de destruction massive.

Un département d’État en plein brouillard

Les performances des récents secrétaires d’État ont été loin d’être flamboyantes (n’est pas Dean Acheson ou Henry Kissinger qui veut). Le problème clé du département d’État ne réside cependant pas dans la compétence et le talent de ces individus. Depuis la double création du département de la Défense et du Conseil de sécurité nationale en 1947, il s’est progressivement retrouvé marginalisé dans le processus d’élaboration de la politique étrangère. Il ne peut guère rivaliser avec les ressources humaines et financières colossales du premier. À près de 700 milliards de dollars pour 2018, le budget de la Défense est douze fois supérieur à celui du département d’État.

Le Conseil de sécurité nationale voit quant à lui ses effectifs augmenter sans cesse et centralise de plus en plus l’action extérieure des États-Unis au sein de la Maison-Blanche. Le dernier secrétaire d’État à avoir eu une influence réelle fut James Baker, dont la relation de travail avec le président George Bush père et son conseiller à la sécurité nationale Brent Scowcroft fut exceptionnellement harmonieuse. C’était il y a plus de 25 ans, une autre époque !

Les jours de Tillerson à la tête du département d’État sont donc peut-être comptés. Son mandat n’aura pas été calamiteux et s’inscrira dans la continuité de ses prédécesseurs immédiats. Compte tenu du président qu’il aura eu à servir, son action pourrait même apparaître plutôt honorable, notamment dans la mise en place de sanctions internationales plus sévères (et efficaces ?) vis-à-vis de la Corée du Nord.
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