How To Kill a Democracy

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Comment tuer une démocratie

Battu par plus de 5 millions de votes, Trump est incapable de présenter la moindre preuve concrète d’une fraude massive.

Ses contestations judiciaires échouent les unes après les autres.

Donc, c’est fini ?

Non.

Comprendre

Surprenant ? Pas vraiment.

Nous avons passé quatre ans à attendre que Trump se comporte de manière « présidentielle ».

Le moment n’est jamais venu.

Est-il surprenant que tant de gens l’encouragent à s’accrocher ? Oui et non.

En gros, vous avez deux catégories de gens qui le soutiennent encore.

D’abord, sa garde rapprochée : Barr, Pompeo, McCarthy, Navarro, Pence, etc.

Pas des crétins ignares. L’éducation, c’est une chose. La décence morale, c’est autre chose.

Mais il y a aussi le calcul. Trump a l’ascendant d’un gourou sur des dizaines de millions de gens aussi enragés que lui.

Il lâchera sa meute sur quiconque, dans les cercles républicains, le contredira.

Ses proches le soutiennent donc par peur, mais aussi parce qu’ils ont, dans certains cas, leurs propres ambitions et espèrent récupérer une partie des hordes de Trump.

Et ces millions d’Américains ordinaires qui boivent ses paroles, qui croient aux théories de pédophilie du Pizzagate, qui pensent que « Q » est le chef occulte d’une glorieuse résistance contre la tyrannie ?

J’ai mieux compris en regardant le fabuleux documentaire The Social Dilemma sur Netflix. Allez-y de toute urgence.

On se demande : comment ces gens peuvent-ils être si déconnectés du réel ?

En fait, ces gens nous regardent et se disent la même chose : comment des choses évidentes pour eux ne sont pas « vues » par nous ?

Les algorithmes des réseaux sociaux, qui nous proposent des textes et des images basés sur nos choix antérieurs, viennent renforcer nos prédispositions.

Chacun s’enferme dans « sa » réalité.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas « une » réalité objective. Bien sûr que oui.

Mais ces gens ne veulent pas « la » réalité. Ils veulent un récit, même s’il est délirant, qui les réconfortera en mettant un semblant de cohérence dans le chaos.

Les réseaux sociaux, partis d’une bonne intention, se sont retournés contre nous et détricotent le tissu social.

Comment dialoguer si on ne s’entend même plus sur ce qu’est la réalité ?

Ce délire contamine à ce point la famille républicaine qu’elle fera tout pour miner la légitimité de Biden.

Ses leaders bloqueront tout au Sénat, laisseront courir que sa victoire est frauduleuse, ne désavoueront pas les théories les plus folles.

Devenu « mainstream », cet extrémisme sera même le cœur de la stratégie républicaine.

Plus Trump et les républicains accréditeront l’idée que Biden a « volé » l’élection, plus cela justifiera leur partisanerie de plus en plus stridente.

Toute défaite électorale sera le résultat d’un complot, donc elle ne sera pas honnête.

Attaque

La sortie de Trump d’hier sur le vaccin noie le poisson, nie la réalité et crispe encore plus la situation.

Nous ne sommes plus dans la lutte partisane normale.

C’est carrément une attaque contre la démocratie américaine, la plus vieille et la plus stable en Occident.

Conclusion : les démocraties sont infiniment plus fragiles que nous ne l’avions cru.

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