Chine et Russie : deux casse-têtes pour le nouveau président américain
Ce n’est pas un hasard si le premier grand voyage à l’étranger du président Joe Biden met en relief ces deux puissances. Pour se tenir debout devant les régimes dictatoriaux de Pékin et de Moscou, il devra relever plusieurs défis.
Un thème émerge déjà de la politique étrangère naissante du président des États-Unis, Joe Biden : le XXIe siècle sera le théâtre d’un affrontement fondamental entre démocraties et autocraties.
Chine
Malgré tous les contrastes entre les administrations de Donald Trump et de Joe Biden, il y a au moins un dossier international majeur sur lequel on semble déterminé à assurer une continuité : la Chine.
Après une révision préliminaire des politiques tarifaires mises en place par Trump, l’équipe Biden a signalé son intention de les garder telles quelles, du moins pour l’instant. Au printemps, la première rencontre bilatérale entre les leaders diplomatiques des deux pays, en Alaska, s’est avérée particulièrement houleuse. De plus, le président Biden et le secrétaire d’État, Anthony Blinken, ont tous deux martelé leur désir de contrer la montée en puissance de la Chine.
Là où Biden se distingue de l’ère Trump, c’est par sa volonté de miser sur le multilatéralisme pour exercer ce contre-pouvoir. Or, s’il compte s’allier aux pays traditionnellement partenaires des États-Unis pour affronter Pékin, peu d’entre eux semblent vouloir adopter une posture aussi robuste. La preuve : dans leur communication du 14 juin, les membres de l’OTAN n’ont pas pu s’entendre sur une expression plus « musclée » que « défi systémique » pour qualifier la Chine.
Lorsque le président américain demandera un front uni pour instaurer des politiques concrètes s’en prenant directement à la Chine, il devra peut-être composer avec un noyau de résistance, incluant des pays alliés et démocratiques.
Russie
La partie ne s’annonce pas particulièrement plus facile face aux Russes. Après trois présidents successifs — George W. Bush, Barack Obama et Donald Trump — croyant pouvoir se distinguer de leurs prédécesseurs en améliorant les relations avec Moscou, plus personne ne se fait d’illusions à Washington. Les différends géopolitiques entre les États-Unis et la Russie sont à la fois réels et durables.
En fait, la liste des sources de tensions entre les deux pays s’est allongée ces derniers mois avec la multiplication des cyberattaques contre des agences gouvernementales et entreprises américaines, des actes non seulement provenant de la Russie, mais possiblement commis avec la bénédiction du gouvernement russe.
Il y a quelques jours, le président russe Vladimir Poutine a ajouté une couche de provocation, donnant une entrevue au réseau américain NBC dans laquelle il a qualifié Trump de « grand homme » et nié avoir quelque rôle que ce soit dans l’emprisonnement et la torture de son principal opposant politique en Russie, Alexeï Navalny, tout en refusant de promettre que ce dernier allait sortir de prison vivant. Quand on lui a demandé s’il était un tueur, Poutine a esquivé.
Cela a mis la table pour la rencontre bilatérale entre Biden et Poutine à Genève, en Suisse, mercredi. Or, malgré la volonté du nouveau président américain de projeter une image de force devant son homologue russe, une question fondamentale demeure au lendemain du sommet : que peuvent réellement faire les États-Unis — et leurs partenaires — face à l’influence et, dans certains cas, les agressions russes ?
Ils ont déjà expulsé la Russie du G7 (qui était auparavant, doit-on le rappeler, le G8), imposé une multitude de sanctions diplomatiques et économiques au fil des ans, et publié des déclarations diplomatiques de toutes sortes condamnant le régime. Même après tous ces efforts, les résultats concrets semblent pour le moins difficiles à voir.
Au bout du compte, qu’il soit question de la Chine ou de la Russie, personne ne souhaite une escalade qui pourrait dégénérer en hostilités armées. En même temps, les moyens déployés jusqu’à maintenant, ainsi que ceux prisés par le nouveau président américain, ne constituent pas une recette miracle. Les États-Unis et leurs partenaires sont peut-être plus résignés qu’ils n’osent l’admettre à devoir composer, au moins à court terme, avec un monde plus multipolaire dans lequel la démocratie n’a pas nécessairement toujours le dernier mot.
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