American civil society is organizing resistance in the wake of the Supreme Court’s decision to overturn Roe v. Wade a little more than two weeks ago. But organizers can’t do everything. One essential ingredient is missing: the unequivocal support of the Biden administration, which the left wing of the Democratic Party has harshly criticized for its sluggish defense of abortion rights.
As a result of the recent decision giving states the right to legislate access to abortion, the battlefront is inevitably shifting and fragmenting. Thus, women’s rights groups have expanded the number of court appeals in a good dozen states seeking temporary injunctions blocking the implementation of anti-abortion laws like those notably passed in Kentucky and Louisiana. But there is a broader fight that will involve demonstrating that certain state constitutions establish the right to abortion that the Supreme Court says does not exist in the Constitution of the United States.
It is an arduous and long-term fight during which, it goes without saying, the lives and the health of hundreds of thousands of women are in jeopardy. According to a recent study, removing the right to abortion care increases the odds that the mortality rate of pregnant women will increase overall by more than 20%, and more than 30% for Black women, as though the lives of many women were not difficult enough in this empire of inequality that is the United States.
It is an uncertain fight, as well, given the trending of governments and the courts to the right. The fact is, for 10 years, the Republican Party, with special interest groups like the Federalist Society and Judicial Crisis Network, has invested heavily in conservative and anti-abortion judges given that state Supreme Court justices are elected in no fewer than 38 states. The upcoming November midterm elections will reshuffle the deck in some of those states. But in which direction and by what percentage?
Democrats are certainly not innocent when it comes to the politization of the judiciary, but they are less financially invested and have not been at it as long as the Republicans. The fact remains that we are now taking measure of this moral and religious move to the right. Some 26 states have limited access to abortion — we know the numbers — threatening to impose restrictions on the process or make it outright illegal.
Epic court battles are emerging around the constitutionality of abortion in Kentucky, Michigan, Kansas, Montana and Florida, among other states. Florida will be a major testing ground as its constitution recognizes the right to privacy and, on this basis, its Supreme Court has already struck down laws restricting abortion access. But the Florida court has had a fully conservative bench since 2019, thanks to Ron DeSantis, a Republican governor with anti-abortion convictions and presidential aspirations. To what extent will the courts respect Florida’s constitution and precedent?
It is discouraging that, faced with a such a large-scale, reactionary assault on the right of women to live freely, President Joe Biden, who promised the United States a Rooseveltian second wind, is not championing the issue; that his government does not appear more proactive; that he is not sending Vice-President Kamala Harris into the fray. Incidentally, we wonder why she is so absent.
In 1973, as a newly elected first-time senator, Biden’s first reaction to Roe v. Wade was that the court had gone “too far.” His position has progressed with the political winds, but he has, in essence, remained ambivalent, mired in the soft center of the party.
However, Biden does have a concrete path to explore in guaranteeing abortion access beyond the limited executive order he signed on Friday. He could declare a public health emergency to ensure that women in states where abortion is illegal have the right to acquire abortion pills by mail, he could make use of Medicaid to finance interstate travel for an abortion; and he could make federal land available, as suggested by Sen. Elizabeth Warren, to set up clinics for abortion care and reproductive health counseling services. By not taking action, Biden’s indecisiveness is making the situation worse. He is calling on Democrats to mobilize in November to get themselves and the country out of this mess. Given how unpopular he is, that is woefully insufficient.
Au sein de la société civile américaine, la résistance s’organise après l’invalidation, il y a un peu plus de deux semaines, de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême des États-Unis. Mais elle ne peut pas tout. Il manque à cette résistance un ingrédient essentiel : le soutien sans équivoque du gouvernement Biden, que l’aile gauche du Parti démocrate a durement critiqué pour la mollesse avec laquelle il a défendu le droit à l’avortement.
La récente décision ayant rendu aux États le droit d’en décider individuellement, le front du combat se déplace et se morcelle, forcément. Ainsi, des organisations de défense des droits des femmes ont multiplié jusqu’à maintenant les recours devant les tribunaux dans une bonne douzaine d’États pour obtenir des injonctions provisoires bloquant l’entrée en vigueur de lois anti-avortement, comme elles ont réussi à le faire au Kentucky et en Louisiane, notamment. Mais il y a une bataille plus large : celle qui consistera à faire la preuve que les constitutions de plusieurs États établissent un droit à l’avortement que la Cour suprême dit ne pas exister dans la constitution américaine.
Combat ardu et de longue haleine, il va sans dire, pendant lequel la vie et la santé de centaines de milliers de femmes sont mises en péril. À effacer le droit à l’avortement, indique une étude récente, le risque est que le taux de mortalité parmi les femmes enceintes augmentera globalement de plus de 20 % — et de plus de 30 % chez les femmes noires. Comme si la vie pour un grand nombre de femmes n’était déjà pas assez difficile dans cet empire des inégalités que sont les États-Unis.
Combat incertain, en outre, vu la tendance des assemblées législatives et des tribunaux à se droitiser. Le fait est que, depuis dix ans, le parti républicain, avec des lobbies comme la Federalist Society et le Judicial Crisis Network, a beaucoup investi dans le financement électoral de juges conservateurs et anti-avortement — puisqu’aux États-Unis, voyez-vous, les juges des cours suprêmes sont élus au suffrage universel dans pas moins de 38 États. Les législatives de mi-mandat, en novembre prochain, vont rebattre les cartes dans certains d’entre eux. Dans quel sens et dans quelle proportion ?
Certes, les démocrates ne sont pas innocents face à cette politisation de la justice, mais ils se sont moins investis financièrement et le font depuis moins longtemps. Toujours est-il qu’on prend aujourd’hui la mesure de cette droitisation moraliste et religieuse : l’accès à l’avortement — on connaît le chiffre — est aujourd’hui restreint, menacé de restrictions ou carrément interdit dans 26 États.
D’épiques batailles judiciaires se dessinent autour de la constitutionnalité du droit à l’avortement au Kentucky, au Michigan, au Kansas, au Montana et en Floride, entre autres. La Floride sera en fin de compte le terrain d’un test majeur : sa Charte des droits reconnaît le droit à la vie privée et, sur cette base, sa Cour suprême a invalidé des lois restreignant l’accès à l’avortement. Or, depuis 2019, la cour est entièrement conservatrice, gracieuseté de Ron DeSantis, gouverneur républicain aux convictions « pro-vie » et aux aspirations présidentielles. Dans quelle mesure la Constitution et la jurisprudence floridiennes seront-elles respectées ?
Il est désespérant que, face à un assaut réactionnaire d’aussi grande ampleur contre le droit des femmes à vivre librement, le président Joe Biden, celui qui promettait de donner aux États-Unis un second souffle rooseveltien, ne monte pas aux barricades. Que son gouvernement ne se montre pas plus proactif. Qu’il n’envoie pas dans la mêlée sa vice-présidente, Kamala Harris, dont on se demande au fait pourquoi elle est aussi absente.
En 1973, tout juste élu sénateur pour la première fois, la première réaction de Biden à Roe v. Wade avait été de dire que la Cour suprême était allée « trop loin ». Sa position a progressé au gré des vents politiques, mais elle est sur le fond restée ambivalente, enlisée dans le centre mou du parti.
Il y a pourtant des avenues concrètes à explorer pour garantir l’accès à l’avortement, au-delà du décret sans grande portée qu’il a signé vendredi dernier.
Déclarer l’état d’urgence en santé publique afin d’assurer aux femmes le droit de se procurer par la poste des pilules abortives dans les États où l’avortement est illégal ; mettre à contribution Medicaid, le système public d’assurance maladie, pour financer les déplacements interétatiques aux fins de subir un avortement ; rendre disponibles des terres fédérales, comme l’a suggéré la sénatrice Elizabeth Warren, à l’installation de cliniques d’avortement et de services d’aide-conseil en santé reproductive… Autant de gestes, parmi d’autres, à faire là, tout de suite. À défaut, l’irrésolution de M. Biden aggrave la situation. Il appelle les démocrates à se mobiliser en novembre pour se sortir et sortir le pays du pétrin. Vu son impopularité, c’est très insuffisant.
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