Donald Trump 2024: Is the World Really in More Danger?

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Donald Trump 2024 : le monde serait-il vraiment plus en danger ?

TRIBUNE. Donald Trump semble bien positionné pour un retour potentiel à la présidence des États-Unis malgré les controverses passées, profitant des faiblesses perçues de l’administration Biden et des défis géopolitiques actuels, analyse Sébastien Boussois.

Sébastien Boussois 22/04/2024 à 19:26, Mis à jour le 22/04/2024 à 19:28

On aime ou on n’aime pas Donald Trump. Mais à ce stade, est-ce vraiment encore la question ? Et quel intérêt ? La géopolitique n’est pas une « wishing list » mais plutôt un mélange de leçons du passé et d’anticipation du futur proche.

Et ils étaient peu nombreux en 2020 à miser sur un retour en fanfare de l’ancien président américain à la Maison Blanche. Peu nombreux parmi les dirigeants politiques, analystes, journalistes, à imaginer que quatre ans plus tard, Donald Trump puisse être à même de redevenir président de tous les Américains, quelles que soient les casseroles qu’il traîne derrière lui et peut-être encore même devant d’ici novembre.

Il faut dire que les événements du 6 janvier 2020 et l’invasion du capitole, les multiples affaires qui lui collent aux basques, auraient pu/du constituer une sérieuse entrave pour retrouver le chemin du pouvoir, et dégrader un tant soit peu sa cote de popularité. Il n’en est rien à ce jour.

Face à un président Biden fatigué, parfois incohérent, au bilan contrasté, le candidat à la primaire républicaine Trump est bien en passe de se battre pour retrouver ce poste qu’il a eu tant de mal à quitter, continuant à vendre à ses supporters et au monde entier, que sa victoire de 2020 lui a été volée. Et bien décidé à mener à mal la démocratie américaine pour se venger de tous ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues ces dernières années.

Du temps du mandat de Trump, un calme « relatif » régnait sur la planète

Il est vrai que du temps du mandat de Trump, un calme « relatif » régnait sur la planète et que l’arrivée de Joe Biden, son manque de leadership, d’incarnation, d’autorité, ont sûrement contribué à décomplexer certains va-t-en-guerre du nouveau monde global. Trump fait peur aux dirigeants autoritaires, c’est un atout et cela peut jouer pour apaiser paradoxalement le monde actuel.

En réalité, c’est l’aveu de faiblesse des États-Unis qui a constitué le moteur principal de la désinhibition du monde qui vient et qui monte contre l’Occident. La Chine en a profité pour avancer largement ses pions comme tout le Sud global. La faiblesse d’Obama en Syrie à l’époque comme le retrait raté des États-Unis d’Afghanistan sous Biden, ont fini d’entamer la crédibilité et l’image d’une Amérique toute-puissante.

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Les leaders populistes se sont jetés dans l’arène. La réalité est qu’on ne veut plus faire avec les USA mais qu’on peut difficilement faire sans, en termes d’équilibre sur la planète.

Trump promet l’éternel retour d’une Amérique puissante

Trump promet l’éternel retour d’une Amérique puissante pour servir de levier à cet Orient débridé qui part actuellement dans tous les sens. « MAGA » est un slogan pour le retour de la puissance américaine, pour les Américains avant tout, mais aussi – sans prétention trumpienne – pour l’intérêt du monde entier. Trump n’aime pas les guerres, c’est mauvais pour le business. Trump est craint (donc respecté ?) avec ses attitudes erratiques, son imprévisibilité.

Il y a fort à parier que Vladimir Poutine n’aurait pas engagé sa guerre sous un Trump à la Maison Blanche. La planète prend feu et les Américains sous Biden semblent bien impuissants à contenir non seulement l’accélération de la désoccidentalisation du monde, mais également la montée en puissance du Sud Global, qui explose désormais sur la scène mondiale comme jamais.

Une fois en place, Trump veut régler conflit après conflit en deux temps trois mouvements : que ce soit la question ukrainienne, celle de la Corée du Nord, celle de Gaza ou bien la question sensible de la Chine et de Taïwan. Il retroussera les manches sans complexe et avec sa pure folie.

Plutôt que d’attiser les tensions, le candidat républicain aime donner de sa personne et pourrait « dealer » en direct avec les dirigeants réfractaires : Vladimir Poutine, Kim Jung Un, Benjamin Netanyahou, ou encore Xi Jiping.

Il y a un boulevard pour l’ancien président, prêt à en découdre comme jamais

On connaît la proximité de Trump avec le chef du Kremlin et l’on sait que le premier a promis s’il est réélu de mettre fin à l’engagement américain au sein de l’OTAN. La mort de l’OTAN serait certes un cadeau béni pour Poutine et mettrait probablement un terme à la guerre en Ukraine. Peut-être en partie au moins.

Mais l’Europe pourrait alors enfin se saisir de l’occasion pour enfin assurer sa sécurité toute seule comme une grande, plutôt que de faire la morale à la terre entière sur l’impérieuse nécessité du droit à la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous, non ?

Aucun des candidats républicains à ce stade n’a résisté au bulldozer trumpiste et ses soutiens. Ron de Santis, le gouverneur de Floride, a abandonné et Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice de Trump aux Nations Unies était créditée d’un peu plus de 10 % des voix avant son implosion finale la semaine dernière en Caroline du Sud.

Désormais, il y a un boulevard pour l’ancien président, prêt à en découdre comme jamais, face à un Joe Biden et au château démocrate plus branlant que jamais. La voie royale est ouverte pour un second mandat de Trump, qui pourrait également déjouer tous les pronostics de chaos annoncé avant l’heure.

* Sébastien Boussois est docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS (Bruxelles), collaborateur scientifique au Cnam Paris (Équipe Sécurité Défense), au Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm) et à l’Observatoire stratégique de Genève.

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