A Democratic Divide

Published in Le Devoir
(Canada) on 5 March 2025
by Henri-Paul Normandin (link to originallink to original)
Translated from by Reg Moss. Edited by Patricia Simoni.
There was something surreal about hearing U.S. Vice President JD Vance’s lecturing Europeans on democracy at the February Munich Security Conference. His remarks denote an ideological divide between the U.S. and Europe — a divide with numerous consequences.

First, a reminder of Vance’s comments: “And what I worry about is the threat from within, the retreat of Europe from some of its most fundamental values — values shared with the United States of America.”

Those statements were made even as President Donald Trump proceeded with an unprecedented attack on the foundations of American democracy — a presidency that declares itself to be and acts as though it were above the law, bolstered by a servile U.S. Supreme Court; wields an abusive and unconstitutional use of power; instrumentalizes the justice system to protect allies and harass adversaries; attacks the press and freedom of expression; marginalizes legislative power; and is dismantling the government.

2 Camps in the West

What is taking shape is a Western world split into two camps, each asserting very different conceptions of democracy.

One, labeled a liberal democracy, emphasizes solid institutions, separation and balance of powers, accountability, the rule of law, and human rights and liberties that include the protection of minorities. This is the concept that the majority of Europeans and Canadians abide by.

The other, often labeled illiberal, is populist, with little respect for institutions, a pseudo-democracy akin to an autocracy. It emphasizes a strong executive authority that claims to represent the “people” and, as such, cannot be constrained or monitored by any other power, be it legislative or judicial, much less the press, and is inclined to manipulate or discredit electoral institutions if they do not serve it well. Moreover, it places an unbridled emphasis on freedom of expression to the point of normalizing hate speech.

Many will say this is a twisted notion of democracy. Yet, it is this notion that now prevails in Washington, as well as in certain European countries.

Of course, Trump did not invent illiberal democracy. Consider the case of Hungary, Turkey or Argentina. But what changes the game is that the American superpower now embraces this altered version of democracy.

The “leader of the free world” is no more.

Europe and Canada have lost a major ally in the advancement and defense of democracy and human rights on the global stage. Despite its imperfections and numerous blunders, the U.S. long served as a model with an ideological aura and the geopolitical tools to steer a liberal world.

Now, the U.S. can no longer be counted on to promote democracy as we know it and the defense of human rights, be it politically or by way of its resources, such as the programs sustained by the U. S. Agency for International Development.

But there is more.

There will be a collision on the international stage between Europe, Canada and other liberal democracies on one side, and the U.S. with certain other European countries on the other, with regard to democracy and human rights.

Force over Law

The Munich Conference offered a foretaste. One could glimpse confrontations within NATO, for example, on issues of freedom of expression, notably with regard to the media, social networks and even the rights of minorities.

To add to the picture, this is all part of a shakeup of the international order founded on the rule of law — an order constructed in large part under American leadership. It is quite clear that, for the U.S., international law is no longer relevant; it is only force that matters. Among the rights being undermined is that of the self-determination of peoples, considering American declarations on Greenland, Panama, Gaza, Ukraine and Canada.

It is hardly an exaggeration to emphasize that the U.S. finds itself closer to the axis of autocracies, with China and Russia, than to a coalition of democracies.

Democracies may even have to protect themselves from the U.S. Greenland, for example, recently had to reinforce its mechanisms to prevent foreign interference — from America. Canada is just as exposed.

Faced with this new reality, it will be imperative for proponents of democracy, governments and civil society alike, to develop new approaches, strategies and coalitions adapted to the circumstances for the defense and promotion of democracy, both at the national level and on the world stage.


Une fracture démocratique

Il y avait quelque chose de surréaliste à entendre le vice-président des États-Unis, J.D. Vance, sermonner les Européens sur la démocratie, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, qui a eu lieu en février dernier. Ses propos consacrent une fracture idéologique entre les États-Unis et l’Europe. Fracture aux conséquences multiples.

Rappelons tout d’abord les propos de J.D. Vance : « Ce qui me préoccupe est la menace de l’intérieur, le recul de l’Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales, valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique. »

De tels propos tenus alors même que le président Trump procède à une attaque sans précédent contre les fondements de la démocratie américaine : une présidence qui se déclare et se comporte comme étant au-dessus des lois, confortée en cela par une Cour suprême servile ; utilisation abusive et inconstitutionnelle de son pouvoir ; instrumentalisation de la justice pour protéger ses alliés et harceler ses adversaires ; attaques contre la presse et la liberté d’expression ; marginalisation du pouvoir législatif ; déconstruction de l’État.

Deux camps en Occident

Ce qui se dessine ainsi est un monde occidental divisé en deux camps, qui affirment des conceptions bien différentes de la démocratie.

L’une, qu’on qualifie de démocratie libérale, met l’accent sur des institutions solides, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, la reddition de comptes, la primauté du droit, les droits et la dignité de la personne, incluant la protection des minorités. C’est à cette conception que se rattache la majorité des Européens et des Canadiens.

L’autre, souvent qualifiée d’illibérale, se veut populiste, peu respectueuse des institutions, une pseudo-démocratie qui s’apparente à l’autocratie. Elle met l’accent sur un pouvoir exécutif fort qui prétend représenter « le peuple » et qui, à ce titre, ne peut être contraint ou supervisé par tout autre pouvoir, que ce soit le pouvoir des législateurs ou des juges, encore moins la presse, et qui est enclin à manipuler ou à discréditer les institution électorales si celles-ci ne le servent pas bien. Qui plus est, elle met un accent débridé sur la liberté d’expression, au point de normaliser le discours haineux.

Plusieurs, dont je suis, diront qu’il s’agit d’une conception tordue de la démocratie. Et c’est maintenant cette conception qui prévaut à Washington, de même que dans quelques États européens.

Bien sûr, la démocratie illibérale n’est pas l’invention de Trump. On peut penser aux cas de la Hongrie, de la Turquie, de l’Argentine. Mais ce qui change la donne, c’est que la superpuissance américaine embrasse maintenant cette version tronquée de la démocratie.

Le « leader du monde libre » n’est plus.

L’Europe et le Canada ont ainsi perdu un allié d’importance dans la promotion et la défense de la démocratie et des droits de la personne sur la scène mondiale. Les États-Unis, malgré leurs imperfections et de nombreux égarements, ont en effet longtemps servi de modèle et ils jouissaient d’une aura idéologique et d’instruments géopolitiques pour piloter un monde libéral.

Ainsi, il ne faudra plus compter sur les États-Unis, que ce soit au plan politique ou par le biais de ses ressources, tels les programmes soutenus par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), pour promouvoir la démocratie telle qu’on la connaît et défendre les droits de la personne.

Mais il y a plus.

Il y aura une collision sur la scène internationale entre l’Europe, le Canada et d’autres démocraties libérales, d’une part, et les États-Unis et quelques autres pays européens, d’autre part, eu égard à la démocratie et aux droits de la personne.

La force plutôt que le droit

La Conférence de Munich nous en offrait un avant-goût. On peut entrevoir des affrontements au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU), par exemple, sur les enjeux de liberté d’expression, notamment en ce qui touche les médias et les réseaux sociaux, ou encore les droits des minorités.

Pour ajouter au portrait, le tout s’inscrit dans un bouleversement de l’ordre international fondé sur le droit, ce même ordre construit en bonne partie sous le leadership américain. Il est très clair que, pour les États-Unis, le droit international est maintenant impertinent, seule compte la force. Parmi les droits sujets à être dépréciés : le droit à l’autodétermination des peuples. Pensons ici aux déclarations américaines en ce qui touche le Groenland, le Panama, Gaza, l’Ukraine et le Canada.

On exagère à peine en soulignant que les États-Unis se retrouveront plus près de l’axe des autocraties, en compagnie de la Chine et de la Russie, que d’une coalition des démocraties.

Les démocraties devront peut-être même se protéger des États-Unis. À preuve, le Groenland, qui a dû récemment renforcer ses mécanismes de prévention contre l’ingérence étrangère… américaine. Le Canada y est tout aussi exposé.

Face à cette nouvelle réalité, il sera impératif pour les tenants de la démocratie, tant les gouvernements que la société civile, de développer de nouvelles approches, des stratégies et des coalitions adaptées aux circonstances pour défendre et faire vibrer la démocratie au niveau national et sur la scène mondiale.
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