American Elections: Has Joe Biden Really Lost Young People?

Published in Le Nouvel Obs
(France) on 26 June 2024
by Marie-Cécile Naves (link to originallink to original)
Translated from by Emily Kelly. Edited by Michelle Bisson.
If the current president has already lost students committed to the left, what worries voters under 30 the most is inflation, specifically, purchasing power and housing. It would be beneficial for him to recall his achievements in this area.

After the 2020 presidential election, a sociological analysis of the vote highlighted that progressive youth had largely supported Joe Biden. The community, activist and civic commitment of younger generations to causes such as feminism, environmentalism, anti-racism and the reduction of socioeconomic inequalities (all of which are obviously linked) was also reflected at the ballot box. It must be said that the four years of Donald Trump had left deep marks.

The memory of Trumpism in power has since faded. It is even foreign to first-time voters, who were young adolescents or even children during Trump’s presidency: Many have a relatively vague idea of what it was like. While two-thirds of people under 30 voted for Biden in 2020, opinion surveys are now showing that just five months before the election, he is on track to lag behind significantly with this population. This does not mean that most young people will vote for Trump: They may be tempted by independent candidates or by abstention. Or they may vote for Biden after all.

While the White House’s management (or at least what is perceived of it) of the war between Israel and Hamas risks costing the outgoing president votes among students on the left, this subject is not what worries those under 30 the most: Like older generations, their top concerns are inflation, in particular purchasing power and housing, but also health (access to insurance when leaving the family home, etc.), and access to rights. In the opinion of political experts working with Democrats, Biden's team would therefore benefit from adapting its messages by recalling his achievements made in the past four years (preservation and extension of Obamacare, cancellation of nearly $170 billion in student debt, etc.) and by promoting the continuation of this program in the event of reelection.

Talking about “youth” in general, however, does not make much sense. It is necessary to cross-reference age not only with material status but also with level of education, ethnicity and gender. In other words, to fully understand what is happening, intersectional analysis (in which both candidates engage) is essential. Thus, Trump increased his popularity among young men with less education and from Black or Latino minorities. The problem for the former president is that these are not reliable voters, as they are among those who are least likely to vote. And all the more so since the Republicans have, in many areas, made access to the polls more difficult for these populations, which is not without irony. On the other hand, at this stage Biden can be credited with very good scores among white women and men with college degrees of all ages, particularly seniors, and among young women of all ethnicities, all categories in which the proportion of female voters and of likely voters on Nov. 5 is important.

A Gender Gap among Young People

There is, in fact, a significant gender gap in the political choices of younger people: Women lean more and more to the left, while men are more, although less markedly, tempted by conservative ideas. In addition, two-thirds of college graduates are women, and young men who do not plan to go to university are more likely to say they are conservative than those who plan to further their education. The Biden-Harris campaign is also increasing messaging on the defense of abortion, contraception, access to assisted reproduction and, more generally, women's rights, including on the economic level. Conversely, masculinist norms, verbal violence, and the feeling of economic downgrading, all major markers of Trumpism, keep young women away from voting Republican but attract certain categories of young men.

In order to attract, or regain, Hispanic voters, especially after his policy of combating illegal immigration at the southern border enraged his left wing, Biden has also adopted a vast program granting legal status to spouses and stepchildren of American citizens: the possibility of permanent residence in the United States, obtaining a green card, etc. This is the largest effort in favor of undocumented immigrants since Barack Obama's Deferred Action for Childhood Arrivals program in 2012, which protects undocumented immigrants who arrived in the United States when they were minors by allowing them to study and then work.

Ultimately, saying that “young people” will no longer vote for Biden is a hasty statement. The situation is much more complex and many unknowns, including the level of participation, persist five months before the vote. Clearly, this election is far from being over.


Elections américaines : Joe Biden a-t-il vraiment perdu les jeunes ?

Si le président actuel a perdu les étudiants engagés à gauche, ce qui préoccupe le plus les moins de 30 ans, c’est l’inflation et plus particulièrement le pouvoir d’achat et le logement. Il gagnerait à rappeler ses acquis en ce domaine.

Après l’élection présidentielle de 2020, l’analyse de la sociologie du vote avait mis en évidence que la jeunesse progressiste avait largement soutenu Joe Biden. L’engagement associatif, militant et citoyen des jeunes générations en faveur du féminisme, de l’écologie, de l’antiracisme et de la réduction des inégalités socio-économiques (le tout étant évidemment lié) s’était aussi traduit dans les urnes. Il faut dire que les quatre années de Trump avaient laissé des traces profondes.

Désormais, le souvenir du trumpisme au pouvoir s’est émoussé. Il est même étranger aux primo-votants, celles et ceux qui étaient de jeunes adolescents, voire des enfants durant la présidence de Donald Trump : beaucoup ont de ce dernier une image relativement vague. Alors qu’en 2020, les deux tiers des moins de 30 ans avaient voté pour Biden, celui-ci accuserait, à cinq mois du scrutin, selon les enquêtes d’opinion, un retard important au sein de cette population. Cela ne signifie pas que les jeunes voteront majoritairement pour Trump : ils peuvent être tentés par les candidats indépendants ou par l’abstention. Ou voter Biden in fine.

Si la gestion, par la Maison-Blanche (et au moins autant ce qui en est perçu), de la guerre entre Israël et le Hamas risque de coûter des voix au président sortant chez les étudiants engagés à gauche, ce sujet n’est pas ce qui préoccupe le plus les moins de 30 ans : à l’instar des générations plus âgées, c’est l’inflation et plus particulièrement le pouvoir d’achat et le logement, mais aussi la santé (accès à une assurance quand on quitte le foyer parental, etc.) et l’accès aux droits qui figurent en tête des préoccupations. De l’avis des experts politiques travaillant avec les démocrates, l’équipe de Biden gagnerait donc à adapter ses messages en rappelant les acquis des quatre années écoulées (préservation et extension de l’Obamacare, annulation de près de 170 milliards de dollars de dette étudiante, etc.) et en communiquant sur la poursuite de ce programme en cas de réélection.

Parler de « jeunesse » en général n’a cependant pas beaucoup de sens. Il faut croiser l’âge avec la situation matérielle mais surtout le niveau de diplôme, l’origine et le genre. Autrement dit, pour bien comprendre ce qu’il se passe, l’analyse intersectionnelle (à laquelle se livrent du reste les deux candidats) est indispensable. Ainsi, Trump a accru sa popularité chez les jeunes hommes peu diplômés et issus des minorités noire ou latino. Le problème pour l’ancien président est qu’il ne s’agit pas d’électeurs fiables, tant ils figurent parmi ceux qui sont les moins sûrs d’aller voter. Et ce, d’autant plus que les républicains ont, dans de nombreux territoires, rendu l’accès aux urnes plus difficile pour ces populations, ce qui ne manque pas d’ironie. En revanche, Biden est à ce stade crédité de très bons scores chez les femmes et les hommes blancs diplômés du supérieur de tous âges, notamment les seniors, et chez les jeunes femmes de toutes origines, autant de catégories où la proportion d’électrices et d’électeurs certains de voter le 5 novembre est importante.

Un gender gap chez les jeunes

On note en effet un gender gap significatif dans les choix politiques des plus jeunes : les femmes penchent de plus en plus à gauche, alors que les hommes sont davantage, quoique de manière moins marquée, tentés par les idées conservatrices. Ajoutons que les deux tiers des diplômés du supérieur sont des femmes et que les jeunes hommes qui n’envisagent pas d’aller à l’université sont plus susceptibles de se dire conservateurs que ceux qui veulent faire des études. La campagne de Joe Biden et Kamala Harris multiplie d’ailleurs les messages sur la défense de l’avortement, de la contraception, de l’accès à la PMA et plus globalement les droits des femmes, y compris sur le plan économique. A contrario, les normes masculinistes, la violence verbale, le sentiment de déclassement économique, gros marqueurs du trumpisme, éloignent les jeunes femmes du vote républicain mais séduisent certaines catégories de jeunes hommes.

Afin d’attirer, ou d’attirer de nouveau à lui les électeurs hispaniques, surtout après sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière à la frontière Sud qui déplaît à son aile gauche, Biden a par ailleurs adopté un vaste programme de légalisation des conjoints et des beaux-enfants de citoyennes et citoyens américains : possibilité de résider de façon permanente aux Etats-Unis, obtention d’une green card, etc. Il s’agit du plus vaste effort en faveur des clandestins depuis le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) de Barack Obama en 2012, qui protège les illegals arrivés aux Etats-Unis alors qu’ils étaient mineurs, en leur permettant de faire des études puis de travailler.

Au final, dire que « les jeunes » ne votent plus Biden est une affirmation hâtive. La situation est bien plus complexe et, surtout, beaucoup d’inconnues, dont le niveau de participation, persistent à cinq mois de l’échéance. Décidément, rien n’est fait dans cette élection.
This post appeared on the front page as a direct link to the original article with the above link .

Hot this week

Canada: Minnesota School Shooting Is Just More Proof That America Is Crazed

Ireland: Irish Examiner View: Would We Miss Donald Trump and Would a Successor Be Worse?

Hong Kong: Cordial Cross-Strait Relations Will Spare Taiwan Trump’s Demands, Says Paul Kuoboug Chang

Australia: Donald Trump Is Taking Over the US Federal Reserve and Financial Markets Have Missed the Point

Ireland: We Must Stand Up to Trump on Climate. The Alternative Is Too Bleak To Contemplate

Topics

Peru: Blockade ‘For Now’

Japan: US President and the Federal Reserve Board: Harmonious Dialogue To Support the Dollar

Austria: The EU Must Recognize That a Tariff Deal with Trump Is Hardly Worth Anything

Mexico: The Network of Intellectuals and Artists in Defense of Venezuela and President Nicholás Maduro

Hong Kong: Cordial Cross-Strait Relations Will Spare Taiwan Trump’s Demands, Says Paul Kuoboug Chang

Germany: The Tariffs Have Side Effects — For the US Too*

Ireland: We Must Stand Up to Trump on Climate. The Alternative Is Too Bleak To Contemplate

Canada: Carney Takes Us Backward with Americans on Trade

Related Articles

United Kingdom: The Democrats Are in Deep Trouble in the US – and Labor Is on the Way to Joining Them

France: Donald Trump’s Dangerous Game with the Federal Reserve

France: Trump Yet To Make Progress on Ukraine

France: Tariffs: The Risk of Uncontrollable Escalation

France: Donald Trump’s Laborious Diplomatic Debut