L’humoriste David Letterman résume ainsi la position de Hillary Clinton dans les primaires démocrates : «Elle a une avance confortable dans l’état de déni.» Alors que la sénatrice de New York paraît irrémédiablement distancée par Barack Obama, elle poursuit sa campagne comme si de rien n’était. Or, il ne lui reste qu’une poignée d’options, qui ressemblent toutes à des portes de sortie.
L’entêtement. Se battre jusqu’au bout, jouer toutes ses cartes, c’est la voie que semble avoir choisie la candidate. « La nomination n’est pas encore décidée », plaide-t-elle, puisque son rival n’a pas atteint le seuil qualificatif pour l’investiture et qu’il reste six scrutins jusqu’au 3 juin. Obama estime que l’obstacle sera surmonté dès les primaires du 20 mai dans le Kentucky et l’Oregon : « Je crois que nous aurons alors assez d’arguments pour dire que nous avons gagné », prévoit le sénateur de l’Illinois.
Mais le sort des délégués disqualifiés de Floride et du Michigan (pour non-respect du calendrier) ne sera examiné que le 31 mai par les instances d’arbitrage du parti. Clinton a promis de se battre pour qu’ils siègent à la convention, portant du même coup la majorité nécessaire de 2 024 à 2 209 délégués. La bataille de procédure peut-elle traîner jusqu’à la convention de Denver fin août ? Terry McAuliffe, le président de la campagne Clinton, semble l’exclure : «Cette affaire sera bouclée après le 3 juin», dit-il.
L’isolement. S’entêter comporte des risques pour Hillary Clinton. Le plus grand est de voir des figures influentes du parti se détourner, ajoutant l’humiliation à la défaite. Cela a déjà commencé : pour la première fois, Barack Obama vient de la dépasser dans le soutien des superdélégués, ces élus et dirigeants voués à arbitrer le duel. À l’instar de George McGovern, ex-candidat démocrate en 1972, certains changent de camp après l’avoir soutenue. Si des personnalités comme Al Gore, John Edwards ou Nancy Pelosi prennent publiquement position en faveur d’Obama, la candidate sera marginalisée malgré elle.
La faillite. Presque aussi humiliant que l’abandon, le manque de moyens pourrait pousser Clinton vers la sortie. Ses dettes s’élèvent à près de 30 millions de dollars, dont 11,5 millions pris sur sa fortune personnelle. Le trou se creuse encore tandis qu’elle fait campagne en Virginie occidentale. Le sénateur de l’Illinois a surclassé la candidate de l’establishment démocrate en levant 240 millions sur Internet.
La fusion. Depuis quelques jours, Hillary Clinton a baissé le ton de ses attaques contre Obama. D’aucuns y voient une indication de son désir d’être cooptée pour la vice-présidence. Pour beaucoup de démocrates, ce serait un «ticket de rêve». Les républicains parient plutôt sur l’addition de leurs faiblesses. Clinton assure ne pas être intéressée, ce qui semblerait logique pour une ancienne First Lady qui a déjà joué les seconds rôles à la Maison-Blanche. Mais Barack Obama n’a pas fermé la porte : les deux candidats pourraient avoir prochainement une discussion sur le sujet, englobant une possible aide du vainqueur pour combler ses dettes.
Le panache. Si elle veut gérer sa sortie, Hillary Clinton pourrait empocher les victoires qu’on lui promet demain en Virginie-Occidentale ou la semaine prochaine dans le Kentucky, puis annoncer son retrait. Une façon de partir la tête haute, d’œuvrer à la réconciliation du camp démocrate et de ménager son avenir.
Parmi toutes les options envisageables, la moins crédible est celle d’une victoire de la sénatrice sur le fil. Elle ne peut plus compter que sur un événement extérieur (révélation, incident ou gaffe monumentale de son adversaire), qui n’augurerait rien de bon pour le face-à-face de novembre avec John McCain.
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