Une semaine après le désaveu par la Cour suprême de l’administration Bush sur la légalité des détentions à Guantanamo, les deux candidats à la présidentielle américaine ouvrent les hostilités sur le terrorisme. John McCain a ainsi accusé Barack Obama d’être faible face à la menace terroriste, réagissant à une interview accordée par le candidat démocrate lundi 16 juin à ABC News.
Dans cette interview, Barack Obama compare les conditions de détention des prisonniers de Guantanamo avec les poursuites judiciaires des terroristes qui avaient posé des bombes en bas du World Trade Center en 1993. “Prenons l’exemple de Guantanamo. Nous savons que dans de précédentes attaques terroristes, par exemple après la première attaque contre le World Trade Center, nous avons été capables d’arrêter les responsables et de les juger. Ils sont maintenant hors de danger de nuire, dans des prisons américaines. Et le fait que cette administration n’a pas essayé de faire ça a créé une situation où, non seulement nous n’avons jamais jugé ces hommes, mais en plus nous avons détruit notre crédibilité d’Etat de droit dans le monde.”
Le lendemain de l’interview, les républicains ont accusé Barack Obama d’être trop faible, rappelant la rhétorique de George W. Bush contre John Kerry en 2004. “Nous voyons que le sénateur Obama est l’exemple parfait d’une mentalité du 10 septembre”, a dit Randy Schuenemann, conseiller de M. McCain, se référant ainsi à l’atmosphère la veille des attentats du 11 septembre 2001.
LA GUERRE EN IRAK, UNE “DIVERSION”
M. Obama a riposté depuis son avion de campagne. “Ce sont ces gars qui ont aidé à mettre en place la diversion de la guerre en Irak à un moment où on aurait pu coincer les gens qui sont réellement responsables du 11-Septembre. Ils essayent de faire ce qu’ils font à chaque élection, c’est-à-dire faire du terrorisme un épouvantail pour effrayer les gens.”
Au cœur de la bataille, deux conceptions opposées de la lutte antiterroriste : pour M. Obama, le terrorisme fait partie des tâches du maintien de l’ordre. Les possibles terroristes devraient donc être jugés par les cours de justice civiles ou militaires traditionnelles, et être mis en prison comme les autres criminels.
Pour l’équipe de M. McCain, cette position prouve le manque d’expérience de M. Obama. L’ancien maire républicain de New York Rudolph Giuliani a ainsi déclaré dans un communiqué que cette position “démontre son manque fondamental de jugement en ce qui concerne notre sécurité nationale”. En réponse, l’ancien candidat démocrate à la présidentielle John Kerry a déclaré que M. McCain était “le candidat de l’état d’esprit de la guerre en Irak, un état d’esprit qui comprend mal et sous estime dangereusement les menaces du XXIe siècle”.
Chez les démocrates, on précise que Barack Obama propose une approche qui mêle maintien de l’ordre et mesures militaires, y compris une possible incursion au Pakistan si Islamabad refusait de coopérer avec les Etats-Unis dans une situation où des membres d’Al-Qaida auraient été repérés à la frontière pakistanaise.
Les deux partis cherchent à éclairer le sujet sous l’angle qui met leur candidat le plus en valeur tout en décrédibilisant l’autre. C’est le concept du “framing” (encadrement rhétorique d’un thème, argument, idée) mis en pratique : la guerre des mots est lancée.
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