Jusque là soigneusement évitée par les deux candidats, la question raciale s’est invitée dans la campagne américaine. Chahuté par des militants noirs au cours d’un meeting, Barack Obama a assuré en faire assez sur les discriminations. Cet échange est diffusé en boucle sur les chaines de télévisions et montre à quel point ce thème est sensible dans le pays.
C’est le grand succès du moment sur les écrans de télévisions américains. Une vidéo d’un meeting de Barack Obama, vendredi, en Floride, tourne en boucle et y montre le sénateur de l’illinois chahuté par trois jeunes militants de la cause noire. En plein discours sur l’économie américaine, un petit groupe déploie une banderole sur laquelle est inscrit “What about black community, Obama ?”, soit en Français: “Qu’as tu fait pour la communauté noire, Obama ?”. Le candidat démocrate à la présidentielle ne la voit pas, mais les chants de ses partisans dirigés contre les trois militants montent des tribunes. Calmement, Obama se retourne et dit aux perturbateurs qu’il leur répondra à la fin du meeting, au cours d’une séance de questions réponse. “Ne dérangez pas toute la réunion, soyez simplement courtois”, leur demande-t-il, en rappelant calmement à l’ordre le public qui entonne des “Yes we can” (“oui, nous pouvons”).
Toujours à l’aise lorsqu’il s’agit d’apaiser le public, Barack Obama revient à la fin de son discours, comme promis, sur les accusations de ses trois détracteurs. Ceux-ci prennent la parole et piquent le sénateur là où ça lui fait mal: la question raciale. La communauté noire est harcelée par les prêteurs à la suite de la crise des subprimes, elle est victime de violence policière et de nombreuses discriminations, expliquent les militants, reprochant au candidat de n’avoir rien proposé sur ces sujets.
Un nouveau thème de campagne
L’élu démocrate commence une phrase, balbutie et se reprend: “Je crois que vous avez été mal informé”. En tant qu’avocat spécialisé dans les droits civiques et en tant que sénateur, il estime avoir “évoqué à de nombreuses reprises les injustices subies par la communauté noire”. “Je dénonce depuis deux ans et j’ai oeuvré à passer un texte législatif contre les dispositifs de crédits agressifs”,répond Obama. Puis, il prend gentiment à partie le groupe de militants en expliquant qu’il n’a peut-être pas agi comme eux le souhaitaient et que, dans ce cas, ils n’avaient qu’à voter pour quelqu’un d’autre, voire de se présenter eux-mêmes à des élections. ” La seule façon de résoudre nos problèmes dans ce pays c’est de nous unir tous, Noirs, Blancs, Hispaniques, jeunes, vieux, handicapés, homosexuels et hétérosexuels. Je pense que c’est notre programme. D’accord? Ok”, poursuit-il. La foule est conquise, elle crie et reprend en choeur “Yes he can”. Les militants, quant à eux, n’auront pas de droit de réponse.
La question raciale s’est imposée cette semaine dans la campagne électorale et voilà pourquoi l’échange entre Obama et ses trois contradicteurs a pris tant d’ampleur aux Etats-Unis. Le sénateur de l’Illinois a ouvert les hostilités en accusant son opposant John McCain d’essayer d’effrayer les électeurs en relevant qu’il a un “drôle de nom et ne ressemble pas aux présidents qui figurent sur les billets de un et cinq dollars”. Une partie de ping-pong a débuté : “Barack Obama a joué la carte raciale (..). Cela crée des divisions, c’est négatif, honteux et faux”, a répliqué le candidat républicain. Obama a conclu samedi en expliquant que la campagne de McCain n’était pas “raciste”, mais “cynique”. Bien que les deux candidats s’en défendent, la question raciale s’est invitée dans la campagne. Et rien ne dit que cela soit favorable à Barrack Obama. Au cours des primaires, un sondage avait démontré que les ouvriers blancs de certains Etats clés se sont détournés du sénateur métis en raison de sa race.
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