Les politiques malavisées de notre gouvernement ont laissé l’avenir énergétique de l’Amérique sous le contrôle des autres.” En campagne à Fresno, en Californie, lundi 23 juin, le candidat républicain à l’élection présidentielle, John McCain, a enfourché son nouveau cheval de bataille pour prouver son indépendance à l’égard de la Maison Blanche et contrer l’argument démocrate selon lequel son élection générerait un “troisième mandat Bush”. Désormais, il se veut l’homme qui saura “casser la dépendance pétrolière” des Etats-Unis.
Sa dernière proposition consiste à créer une aide fédérale de 300 millions de dollars, sous forme de réductions d’impôts au profit des constructeurs automobiles les plus méritants dans le développement de la “voiture propre”, dotée de la batterie la moins émettrice de CO2. Il a aussi promis une exonération fiscale de 5 000 dollars à tout Américain acquéreur d’un véhicule à “zéro émission” de gaz à effet de serre.
Habitués à utiliser leur véhicule, souvent gourmand, les Américains craignent que les temps bénis d’une essence bon marché soient révolus avec la hausse constante du prix à la pompe, avec celle de l’électricité et du fuel domestique. La recherche de l’indépendance énergétique est donc censée y répondre et bénéficie aussi de la montée du sentiment protectionniste, qui voit dans “les autres” la source de ces nouveaux maux.
Indépendance énergétique ne signifie pas pour autant indépendance totale vis-à-vis de la Maison Blanche. Ainsi, après que Barack Obama eut appelé à mettre fin à la fameuse “exception Enron” – un règlement qui avantage les courtiers en énergie –, le sénateur de l’Arizona avait déclaré que lui aussi tâcherait de “punir sévèrement” les spéculateurs. Mais lorsque son adversaire démocrate a proposé de soumettre les bénéfices exceptionnels des compagnies pétrolières à une imposition spéciale, il a rejoint la Maison Blanche pour s’y opposer. Ce n’est pas au moment où les Etats-Unis sont victimes “des autres” qu’il faut punir ses entreprises… D’autant que M. McCain, qui lors du premier mandat de M. Bush s’opposa aux réductions massives d’impôts, s’y est désormais rallié.
Dans le même sens, jeudi 19 juin, il avait déjà créé la surprise en estimant, à Houston, qu'”il est temps que le gouvernement fédéral lève les obstacles” et annule le moratoire existant depuis 1981 sur les forages pétroliers au large des côtes américaines. Applaudissements du côté des pétroliers. Tollé immédiat chez les écologistes et au Parti démocrate, pour qui M. McCain, en privilégiant le pétrole et non les énergies renouvelables, “s’accroche au passé”. Selon les experts, ces forages n’auraient qu’un impact mineur et lointain sur l’assouvissement des besoins énergétiques américains.
Le lendemain, le candidat républicain a aussi appelé à construire quarante-cinq nouveaux réacteurs nucléaires d’ici à 2045, alors qu’aucun ne l’a plus été aux Etats-Unis depuis l’accident de Three Miles Island, en 1979. M. Obama est nettement plus réservé et M. Bush a évité de toucher à ce sujet durant ses deux mandats.
La vision de M. McCain sur l’énergie est certes populaire. Mais il n’est pas sûr qu’elle renforce son image d’indépendance par rapport à M. Bush.
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