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Elections américaines: et si notre chouchou perdait ?
Laffaire est entendue en France : Barack Obama, notre idole, notre candidat à tous, dans létrange unanimité politique dont nous avons le secret dès que nous passons nos frontières, va gagner triomphalement en novembre. On ne sintéresse dailleurs presque pas à John McCain, ce vieux réactionnaire aux cheveux blancs.
Nicolas Sarkozy avait lui aussi cédé à lObamania et en a avait fait des tonnes lors du -très court- passage du candidat démocrate en France le 25 juillet. Pour bien faire passer le message, il se plaisait à rappeler sa rencontre avec le sénateur de lIllinois en 2006 à Washington : « On était deux dans ce bureau. Il y en a un qui est devenu président. Lautre na quà faire la même chose. » On feignait dignorer le peu dintérêt quil accordait à la France.
Ce jour-là, dans la cour de lElysée, les journalistes de la télévision française expliquaient que sil navait passé que quatre heures à Paris -alors quil passait la nuit à Londres et quil avait tenu un meeting à Berlin- ce nétait pas le signe que la France brillait désormais un peu moins dans le concert des nations, cétait simplement une question dagenda. Of course ! La France avait parlé : Barack était notre homme et, de Saint-Jean-de-Luz à Saint-Germain-des-Près, sa victoire en novembre prochain ne faisait aucun doute. A moins que
Des désirs européens éloignés de la réalité politique américaine
Souvenez-vous de lélection de 2004 et de comment sappelait-il déjà ? Ah, oui, John Kerry! Il faisait la une de Courrier International, de Télérama et du Nouvel Observateur. Il devait nous permettre daimer à nouveau lAmérique. Il parlait français, en plus. On allait jusquà ressusciter politiquement et médiatiquement son cousin Brice Lalonde pour quil nous raconte ses vacances dadolescent avec lui, en Bretagne. Pan sur le bec ! George W. Bush fut réélu triomphalement. Pas la peine cette fois de recompter les bulletins de vote perforés de Floride, les Républicains avaient écrasé le parti démocrate. Peu de monde en France sétait demandé vraiment pourquoi nos désirs et nos prédictions étaient si éloignés de la réalité politique américaine.
Puis vint Barack Obama. Il avait tous les avantages : le charisme, le charme, un « Yes we can » qui rendait ridicule la « rupture tranquille » de lun et le « demain ne se fera pas sans toi » de lautre. Il est noir, ou métis, on ne sait plus et dailleurs ce nest pas très important. Il est issu dune minorité visible et cela compte ici, alors quen juin 2007, la France sest une nouvelle fois révélée incapable dapporter un peu de diversité parmi nos 577 représentants à lAssemblée nationale. Il est plus facile de regarder de lautre coté de lAtlantique et de rêver par transfert que de nous questionner sur nos propres pratiques politiques.
On en a presquoublié que Colin Powell et Condoleezza Rice, Afro-Américains, existaient bien et que les démocrates nont pas lapanage de la diversité. On pardonne aussi beaucoup à Obama. Il est pour le port darme ? Quimporte, se dit-on, il dit certainement cela pour plaire à dinfluents groupes de pression. Les pertes françaises en Afghanistan nous rappellent tout de même que cest dans ce pays que le candidat démocrate veut transférer lessentiel de leffort de la « guerre contre le terrorisme » et quil attend beaucoup des alliés européens sur ce terrain-là.
Prix de lessence et couverture maladie, des questions qui comptent aussi
Ces derniers jours, les sondages montrent que le duel va être bien plus serré que prévu. Il faut dire que les électeurs américains ne votent pas en fonction de la séduction quexerce un candidat à létranger. Prix de lessence, couverture maladie, sécurité extérieure, impôts voilà les questions qui comptent en Ohio, en Floride et dans le Nevada pour ne citer que quelques Etats clés du scrutin.
Bien sûr, Obama serait le président idéal pour une réconciliation euro-américaine et il se montrerait certainement moins dogmatique que ladministration Bush, mais à force de voir en lui lincarnation de tous nos espoirs, la France devient incapable de comprendre les enjeux de cette campagne.
Espérons que nous saurons regarder un peu plus lucidement ces réalités. Il ne faudrait pas être déçu dun Obama président qui ne pensera pas à nous en se rasant à la Maison-Blanche, et encore moins se fâcher davance avec un McCain qui pourrait très bien lemporter.
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