Les sénateurs vont examiner dès ce mercredi un plan de sauvetage révisé du système financier américain. Démocrates et Républicains se sont accordés pour accorder dans ce nouveau texte plus d’attention aux épargnants. La Chambre des représentants, fermée ce jour, se réunira à nouveau jeudi.
Les représentants ayant rechigné devant l’obstacle, ce sont les sénateurs qui vont devoir, dès ce mercredi, se colleter avec le plan Paulson de sauvetage du système financier américain. Le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, l’a fait officiellement savoir mardi soir.
Le plan a toutefois été remanié, dans le sens d’une meilleure prise en compte de l’intérêt des épargnants, ulcérés par l’aide accordée aux responsables mêmes de la crise aux yeux des Américains, banquiers et traders de Wall Street.
Démocrates et Républicains se sont donc entendus mardi sur l’idée d’introduire dans ce plan ” bis ” un chapitre sur la protection des dépôts des particuliers. Les deux candidats à l’élection ont soutenu cette idée. Barack Obama a ainsi appuyé la proposition que le FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), organe fédéral américain d’assurance des dépôts bancaires, porte de 100.000 à 250.000 dollars la garantie des dépôts bancaires effectués par les particuliers et les petites entreprises. Le FDIC fonctionne comme une mutuelle, et joue aussi le rôle de vigie du paysage bancaire. La proposition a été immédiatement reprise par John McCain. Ce dernier a également évoqué un fonds du Tresor, l’Exchange Stability Fund, qui pourrait utiliser ses 250 milliards de dollars pour recapitaliser les établissements financiers dans le besoin.
Relever de 100.000 dollars à 250.000 dollars le maximum des dépôts qui seront assurés par les autorités en cas de faillite devrait permettre de rallier le soutien des banques régionales, lesquelles sont un lobby puissant au Congrès et pourraient convaincre les 12 représentants qui manquent à la chambre basse pour que le plan soit adopté. Les banques régionales s’estiment les perdantes des interventions de l’Etat de ces derniers jours. Le soutien de l’Etat aux fonds monétaires, après que l’un d’entre eux s’est déclaré incapable de garantir le capital de ses souscripteurs, rend en effet moins attractifs les dépôts bancaires. En outre, les autorités sont intervenues pour sauver des grandes banques comme Wachovia et Washington Mutual, mais pas pour les petites banques en difficultés.
Le Sénat travaille également à ajouter une mesure qui permettrait aux banques de ne pas enregistrer dans leur bilan leurs actifs à leur valeur de marché, en tous cas pas aussi strictement. Beaucoup ont en effet considéré ces derniers mois que la règle du “mark-to-market” avait empiré la situation. Elle a poussé les banques à abaisser la valeur dans leur compte d’actifs qui ne trouvaient pas de marché, ce qui a dégradé leur solvabilité, accru la méfiance et poussé les établissements financiers à mettre sur le marché d’autres actifs, etc.
Les élus de la chambre haute réfléchissent également à des réductions d’impôts pour la classe moyenne et les propriétaires de biens immobiliers, et envisagent même des allocations supplémentaires pour les chômeurs. Le marchandage risque d’être intense au Capitole aujourd’hui. Les élus en faveur du plan espèrent qu’un vote favorable du Sénat créera une dynamique favorable qui renversera l’opposition de la Chambre des représentants.
Pour convaincre les parlementaires d’adopter un plan de sauvetage, même les grandes entreprises comme Microsoft, Verizon et General Electric y sont allées de leur lobbying auprès des élus depuis lundi, raconte le Wall Street Journal.
Les deux candidats se sont également à nouveau entretenus par téléphone avec George Bush, lequel a assuré mardi que les efforts pour faire adopter le plan se poursuivaient. Obama comme McCain espèrent donc rameuter les voix qui ont manqué au plan à la Chambre des représentants. Le projet de rachat des actifs douteux des banques, de 700 milliards de dollars, a été retoqué lundi après un vote négatif de deux-tiers des républicains et de plusieurs démocrates.
Si le passage du texte devant le Sénat est jugé peu risqué par la plupart des observateurs, sa seconde chance devant les représentants (jeudi, car la Chambre est fermée ce jeudi pour cause de Nouvel An juif) pourrait à nouveau constituer un moment critique. Plus que le contenu du plan, c’est son appréciation par le grand-public qui sera déterminante par les élus, en attente d’un renouvellement de leur mandat, le 4 novembre prochain. Certains sondages montrent qu’entre 66 % et 75 % des Américains sont défavorables à ce plan. Ils estiment que c’est un cadeau à Wall Street et que les banquiers devraient être tenus responsables de leurs actes.
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