“La victoire d’Obama marque la réconciliation de l’Amérique avec le monde”
Par Thierry Dupont, publié le 05/11/2008 13:32 – mis à jour le 05/11/2008 13:43
Président du groupe d’amitié France-Etats-Unis à l’Assemblée nationale, le député Louis Giscard d’Estaing analyse pour LEXPRESS.fr le succès du candidat démocrate et ses conséquences pour notre pays.
Votre réaction à l’élection de Barack Obama?
C’est un magnifique exemple de la vitalité de la vie politique américaine, avec l’élection d’un candidat issu de ce qu’on appelle les minorités, en l’occurrence une minorité ethnique. La participation de 66% des électeurs à ce scrutin marque l’aboutissement d’un processus électoral riche en événements, notamment avec des primaires très vives, et révèle l’aptitude du peuple américain à s’emparer pleinement de son destin.
Vous êtes surpris par l’ampleur de sa victoire?
Si l’on prend en compte l’écart de voix, ce succès n’est pas aussi large que cela. Il faut d’ailleurs saluer la campagne de John McCain et du parti républicain. Ils résistent plutôt bien à une vague de l’opinion favorable aux thèses d’Obama. Avec 47% des voix, McCain démontre que les thèses républicaines demeurent très présentes dans l’opinion américaine, en dépit de l’image très dégradée du président Bush et de son administration.
Quelles difficultés attendent Barack Obama?
Il va falloir refermer toutes les plaies ouvertes durant cette campagne. Après les primaires démocrates, Obama a montré sa capacité à rassembler tout le camp démocrate, y compris les partisans d’Hillary Clinton. Il doit maintenant démontrer qu’il est bien le chef d’Etat américain capable de se projeter dans l’avenir et de s’emparer des sujets qui intéressent vraiment ses concitoyens, c’est-à-dire les conséquences de la crise financière sur l’emploi et sur les questions de santé, à travers la couverture médicale. Même si l’ampleur de sa victoire devrait lui conférer un certain état de grâce, les attentes sont très fortes, ce qui explique la forte mobilisation des électeurs. Mais les marges de manoeuvre sont faibles : la situation budgétaire du pays n’est pas fameuse, notamment à cause de la guerre en Irak.
Quelle leçon pour la France?
Ce que reçoit notre pays, c’est d’abord un merveilleux message que les Etats-Unis ont tourné la page sur ce qui nous a opposé ces dernières années, avec les postures de l’administration Bush. C’est clairement un message de réconciliation. Cette élection illustre également cette capacité des Etats-Unis à prendre en compte la mondialisation, à travers le parcours personnel de Barack Obama. Je pense qu’on peut s’attendre à une présidence plus orientée au dialogue avec ses alliés naturels, plus respectueuse de la diversité culturelle dans le monde et plus désireuse de participer activement à la résolution des grands problèmes actuels, à commencer par les questions des ressources naturelles et de la sécurité.
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