U.S. Counts Cost of Death Penalty

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L’Amérique s’inquiète du coût de la peine de mort

Plusieurs États américains songent à abolir la peine capitale pour réaliser d’importantes économies.

Avec 36 États sur 50 pratiquant la peine de mort, les Etas-Unis restent l’un des derniers pays occidentaux à continuer d’exécuter certains de ses criminels, puisant la légitimité de ce droit de vie ou de mort dans un soutien populaire sans faille. Mais la crise économique qui déferle sur le pays suscite un effet collatéral inattendu : la floraison à travers les États américains de projets de loi destinés à abolir une peine capitale qui coûte très cher au système carcéral.

Les lobbies abolitionnistes empruntent donc avec un empressement tout particulier ces jours-ci les couloirs du Congrès. Une dizaine d’États américains, parmi lesquels le Nouveau-Mexique, le Maryland, le New Hampshire ou le Montana, examinent des projets visant à renoncer à la peine de mort. Le Maryland paraît le plus proche de l’abolition, son gouverneur Martin O’Malley s’étant prononcé cette année en faveur de la loi abolitionniste. «Le coût de la peine de mort… est une raison valide en ces temps d’austérité», a reconnu de son côté le gouverneur de l’État du Nouveau-Mexique, Bill Richardson. Les élus du Nouveau-Mexique, qui espèrent passer une loi abolitionniste cette année, soulignent que le bénéfice d’une abolition serait de plus d’un million de dollars dans cet État qui compte actuellement deux personnes dans son couloir de la mort. Un seul condamné, Terry Clerk, un tueur d’enfants, a été exécuté en quarante-neuf ans. «J’ai adouci ma position», reconnaît Richardson, qui affirme avoir également été influencé par l’archevêque de Santa Fe, Michael Sheehan, opposé à la peine de mort pour des raisons de principe. Mais, ajoute toutefois le gouverneur, qui garde l’œil rivé sur son opinion publique, «je n’exclus pas de mettre mon veto à la loi».

La voix des victimes

Le Sénat du Montana, qui a exécuté trois personnes depuis 1976, examine lui aussi une proposition de loi abolitionniste. Outre la question, très terre à terre du coût, beaucoup d’organisations militantes soulignent que le remplacement d’une injection mortelle par la prison à perpétuité serait tout aussi punitif. Dave Wanzenried, élu démocrate au­teur de la proposition de loi, affirme que la voix des familles de victimes influence le débat. Ces dernières seraient de plus en plus soucieuses qu’un meurtre ne soit pas doublé d’une autre mise à mort, tout en estimant que les délais de vingt à trente ans qui précédent l’exécution du meurtrier sont trop longs pour leur permettre d’avoir le sentiment d’une vraie réparation. «Il y a aussi la forte probabilité que quelqu’un soit condamné et exécuté à tort», ajoute Dave Wanzenried.

La peine capitale coûte jusqu’à dix fois plus cher que la condamnation à vie. Les procédures d’appel durent des années, et la plupart du temps, les condamnés sont défendus par des avocats payés par l’État. La question de la constitutionnalité de certaines injections létales, et de la douleur qu’elles suscitent chez le condamné, a fait jurisprudence, retardant d’autant le processus. Entretenir un couloir et une chambre de la mort est aussi plus onéreux. C’est en 1976 que la Cour suprême a autorisé à nouveau la peine capitale.

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