L’espoir contre la crise, la crise contre l’espoir. Tels étaient les deux termes de l’équation que Barack Obama devait résoudre, mardi 24 février, lors de son premier discours de politique générale, devant les deux Chambres du Congrès. Cinq semaines après son entrée en fonctions et toujours fort du soutien de plus de deux Américains sur trois, le président des Etats-Unis s’est acquitté de l’exercice en retrouvant les accents les plus inspirés de sa campagne électorale.
La crise ? Il n’en a pas gommé l’ampleur : “Notre économie est affaiblie et notre confiance ébranlée. L’impact de cette récession est réel et il est partout. Nous vivons des temps difficiles et incertains.” Il n’a pas esquivé les rudes constats de l’effondrement de l’emploi, du marché immobilier dévasté ou de la crise du crédit. Il n’a pas davantage masqué l’ampleur des efforts et des sacrifices qui seront nécessaires pour la juguler : tout démontre que les sommes colossales d’argent public déjà injectées dans l’économie en général, dans les secteurs bancaire et automobile en particulier, n’ont pour l’heure restauré la confiance ni à Wall Street ni dans les profondeurs du pays.
Mais le président américain s’est gardé de réitérer les prévisions très alarmistes qu’il avait brandies, voilà quinze jours, pour convaincre le Congrès de voter son plan de soutien à l’économie. Trop de pessimisme, fût-il lucide, menaçait toute possibilité de redonner confiance à ses compatriotes. C’est donc un message d’espoir qu’il s’est employé à leur adresser : “Nous reconstruirons, nous nous relèverons, les Etats-Unis en sortiront renforcés”, a-t-il lancé, retrouvant, une nouvelle fois, les accents de Roosevelt au plus profond de la Grande Dépression.
Mais cet espoir n’ira pas sans courage, les a-t-il prévenu. Refonder une “prospérité durable”, reprendre en main l’avenir ne nécessite pas seulement des mesures d’urgence, mais aussi des politiques structurelles à moyen et long termes, capables de réduire de moitié l’endettement du pays, de relancer l’industrie, de réguler sérieusement le secteur financier, de régénérer l’éducation et de refonder le système de santé.
“L’heure de vérité” a donc sonné, selon ses termes. On ne saurait mieux dire. L’heure de passer de la “vision” à sa mise en oeuvre et au premier budget (présenté jeudi 26). De passer du “Yes we can” (Oui, nous pouvons) de la campagne au “Yes, we will” (Oui, nous le ferons) de l’action. Pour écarter le plus revendicatif “Yes, he must” (oui, il doit le faire) qui pourrait, demain, lui être opposé.
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