“Obama l’Afghan”
Pour conjurer la menace d’un échec en Afghanistan, la stratégie la plus efficace est-elle d’internationaliser la recherche d’une solution ? Barack Obama le pense, qui a suggéré, vendredi 27 mars, de créer un groupe de contact incluant l’Iran et l’Inde, la Russie et la Chine, les pays du Golfe et, bien sûr, le Pakistan. Le président américain prend sur ce sujet le contre-pied de son prédécesseur, hostile à toute initiative aboutissant à rompre l’isolement diplomatique de Téhéran.
De ce point de vue, si l’Iran confirme sa présence à la conférence internationale sur l’Afghanistan, organisée à La Haye le 31 mars, elle montrera qu’elle prend en considération la main tendue par M. Obama, tout en acquérant une forme de reconnaissance internationale.
La nouvelle stratégie américaine pour l’Afghanistan ne rompt pas avec la méthode suivie jusqu’ici par les Etats-Unis et l’Alliance atlantique. Outre que l’objectif est inchangé – vaincre la menace terroriste incarnée par Al-Qaida -, toute approche du conflit repose inévitablement sur un volet militaire, une aide au développement et une action pour renforcer les bases d’un Etat de droit. Le tout est de trouver le bon dosage.
M. Obama choisit de faire porter l’effort de l’Amérique sur deux piliers à la fois : en envoyant 21 000 soldats en renfort pour tenter de venir à bout de ce qu’il appelle le “cancer” d’Al-Qaida et en prévoyant une aide civile accrue. Comme son prédécesseur, mais sans beaucoup d’illusions, il en appelle aux alliés de l’Amérique pour qu’ils prennent davantage leur part du fardeau.
Si rupture il y a dans l’approche américaine, c’est surtout dans une évaluation plus réaliste des réalités régionales : les racines du conflit afghan se situent largement au Pakistan, où les chefs d’Al-Qaida et de la mouvance talibane ont établi des sanctuaires. Or l’impunité dont ils jouissent n’existerait pas sans la complicité des services secrets d’Islamabad. La bonne solution est-elle de tripler l’aide au Pakistan, comme l’a annoncé M. Obama, et une telle approche est-elle conciliable avec un accroissement des frappes militaires contre des cibles situées au Pakistan ?
Le président américain a récemment reconnu que la situation sécuritaire connaissait une dérive en Afghanistan, tout en soulignant qu’il fallait songer à une stratégie de sortie. “Obama l’Afghan” est en train de mesurer à son tour que la tâche consistant à pacifier un pays qui a tenu en échec plus de 100 000 soldats soviétiques ne sera pas aisée.
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