Le Pape, Obama et le Proche-Orient
11/05/2009 | Mise à jour : 23:39 | Ajouter à ma sélection
L’éditorial de Pierre Rousselin.
Le pape Benoît XVI n’a pas choisi au hasard la date de son voyage en Terre sainte. Dans quelques semaines, tout indique que les fondations seront jetées pour une reprise du processus de paix.
Après des débuts hésitants, le moment est venu pour Barack Obama de plonger dans un dossier qui a occupé tous les présidents des États-Unis. Lundi prochain, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, sera reçu à la Maison-Blanche. On ne peut imaginer de moment plus crucial dans les relations entre les deux pays que cette rencontre entre un président américain dont le père était musulman, décidé à faire la paix avec le monde arabe, et un dirigeant israélien opposé à la solution des deux États.
L’appel explicite du Saint-Père, à son arrivée à l’aéroport Ben-Gourion, en faveur de la coexistence des deux peuples «dans des frontières sûres et internationalement reconnues» ne pouvait donc être plus opportun.
La machine diplomatique de la Maison-Blanche se met en place. Premier dirigeant de la région à avoir eu l’honneur d’être reçu à Washington, le roi Abdallah de Jordanie en a dévoilé les grands axes. Il s’agit de s’appuyer sur le plan de paix arabe, proposé par l’Arabie saoudite en 2002 et prévoyant une normalisation collective avec Israël, en échange de la création d’un État palestinien dans les territoires occupés en 1967 et d’un accord sur le sort des réfugiés palestiniens.
Le roi de Jordanie laisse entrevoir des discussions parallèles entre Israël, d’une part, et, d’autre part, les Palestiniens, la Syrie et le Liban.
Au Caire le 4 juin – dix jours avant les élections présidentielles iraniennes -, Barack Obama prononcera son discours tant attendu au monde musulman. On s’attend à ce qu’il précise à cette occasion son plan de paix pour la région et convoque, peut-être, une conférence internationale dès cet été.
Les préparatifs ont commencé la semaine dernière avec les déclarations du vice-président, Joe Biden, appelant Israël à arrêter la colonisation et à démanteler les avant-postes illégaux en Cisjordanie. La création d’un État palestinien sera «activement recherchée» parce qu’elle est considérée par cette Administration comme un objectif d’intérêt national pour les États-Unis. Qu’il le veuille ou non, le gouvernement israélien devra en tenir compte.
Toujours la semaine dernière, des émissaires du département d’État et de la Maison-Blanche étaient à Damas, pour la deuxième fois en moins de deux mois, en vue de faciliter la contribution syrienne à une reprise du processus de paix.
L’annonce du voyage présidentiel au Caire, alors qu’aucune étape israélienne n’est prévue, confirme que la Maison-Blanche va mettre la pression sur le gouvernement Nétanyahou.
Israël fait valoir que des concessions sur le dossier palestinien ne seront possibles qu’une fois neutralisée la menace nucléaire iranienne. Mais Washington retourne l’argument : « Faites un geste vis-à-vis des Palestiniens et nous pourrons mieux mobiliser le monde arabe contre la bombe iranienne.»
Nous en sommes là. Les quelques semaines à venir diront si Obama a une chance d’entraîner Nétanyahou sur le chemin de la paix.
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