First Test for Obama

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L’éditorial de Pierre Rousselin.

Ce n’était pas son choix mais le conflit israélo-arabe s’impose à Barack Obama comme le test fondamental de sa nouvelle diplomatie.

Le premier président noir, également prénommé Hussein, réussira-t-il à remettre en route le processus de paix au Proche-Orient ? Il est un signe anecdotique mais assez encourageant : on ne parle plus à la Maison-Blanche de «processus de paix» mais de paix tout court.

La raison en est que le successeur de George W. Bush s’est fixé pour objectif la création d’un État palestinien d’ici à la fin de son mandat.

Que les Israéliens se soient dotés du gouvernement le plus marqué à droite de leur histoire n’a pas découragé Barack Obama. En prélude à sa première rencontre, aujourd’hui, avec Benyamin Nétanyahou, il a fait donner de la voix à son Administration : Washington demande l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie, le démantèlement des colonies « sauvages » et l’ouverture de négociations sur la solution des «deux États».

Le premier ministre israélien campe, lui, sur des positions les plus extrêmes, refusant même de prononcer les mots «État palestinien». Il s’appuie sur son alliance avec un démagogue antiarabes, opposé à toute solution négociée, qu’il a nommé – par provocation ou par habileté, l’avenir le dira – à la tête de sa diplomatie, Avigdor Lieberman.

Lorsque le candidat Obama avait brièvement rencontré Nétanyahou en juillet, à Jérusalem, il lui avait dit qu’ils avaient en commun d’être perçus comme étant plus radicaux qu’ils ne le sont réellement, l’un à gauche et l’autre à droite. C’était parier sur le pragmatisme dont a déjà fait preuve le chef du gouvernement israélien lors d’un premier exercice du pouvoir.

Placé devant la perspective d’une crise aiguë avec les États-Unis, le chef du Likoud pourrait en rabattre. D’autres l’ont fait avant lui : Menahem Begin, lors des accords de Camp David avec l’Égypte, et Yitzhak Shamir, au moment de la Conférence de Madrid, en 1991.

Barack Obama refuse que la menace nucléaire iranienne serve de prétexte pour éviter toute concession aux Palestiniens ou aux Syriens. Au contraire. La nouvelle stratégie américaine consiste à bâtir des alliances le plus large possible pour isoler et venir à bout des adversaires les plus résolus. Si les États-Unis veulent isoler l’Iran, il leur faut avant tout rallier les pays arabes. Et donc, pour cette même raison, résoudre le conflit israélo-palestinien.

Des discussions d’aujourd’hui dépendent les propositions pour le Proche-Orient que fera Barack Obama le 4 juin, lors de son grand discours du Caire au monde musulman.

Son élection a rétabli de façon spectaculaire l’image de l’Amérique, ses premières mesures n’ont pas déçu. Mais il lui faut maintenant des résultats, en Afghanistan, au Pakistan, vis-à-vis de l’Iran et du monde arabe.

La relance de la paix au Proche-Orient constitue son premier test de crédibilité. S’il y parvient, il pourra faire avancer son ordre du jour extraordinairement ambitieux. S’il échoue, l’avenir sera encore plus difficile qu’il ne l’est déjà.

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