Le processus de paix au Proche-Orient demeure bloqué après la rencontre lundi à Washington du président Obama et du Premier ministre israélien qui a démontré que les deux dirigeants ont une vision radicalement différente des moyens de parvenir à une paix toujours insaisissable. Pourtant, l’espoir était grand avec l’engagement du nouveau locataire de la Maison-Blanche à agir vite, après les visites dans la région de George Mitchell et de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Pour sa part, Barack Obama considère la question palestinienne comme l’une de ses priorités. Il s’est engagé en faveur de la création d’un Etat palestinien, solution soutenue officiellement par l’ONU et la communauté internationale, dont le Saint-Père lors de son récent pèlerinage en Terre-Sainte. Le président américain est enfin décidé à ne pas prolonger, indéfiniment, les négociations et à obtenir rapidement des changements concrets notamment le gel de la colonisation en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens.
Dans ce but, côté arabe, il a déjà reçu à Washington le roi de Jordanie Abdallah II. Le président égyptien Hosni Moubarak et le président palestinien Mahmoud Abbas sont attendus dans les prochaines semaines. Quant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, il a eu lundi à Washington sa première rencontre officielle avec le président Obama. Au centre des discussions, le processus de paix au Proche-Orient et le programme nucléaire iranien. Comme attendu, cette visite a dépassé le simple entretien protocolaire, puisque les deux alliés avaient à clarifier des vues de moins en moins convergentes sur un certain nombre de sujets.
Si les dirigeants arabes sont prêts à rouvrir les négociations sur la création d’un Etat palestinien et à s’engager vers une reconnaissance à terme d’Israël, par contre Netanyahu, qui refuse de prononcer les mots tabous pour lui “d’Etat palestinien” apparaît comme le seul responsable du blocage. Ses vagues propositions de “paix économique” avec les Palestiniens n’ont pas satisfait le président américain qui lui a demandé quelles mesures concrètes il compte prendre dans les prochains mois.
DES POINTS DE VUE DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉS
La réponse du Premier ministre israélien a été pour une approche combinant développement économique des Territoires et renforcement de la sécurité d’Israël; ainsi que la reconnaissance par les Palestiniens du caractère juif de l’Etat d’Israël. Condition inacceptable pour l’Autorité palestinienne qui en redoute les conséquences sur le dossier du retour des réfugiés de 1948. Toutefois, la question de deux Etats est le point de désaccord majeur entre les Etats-Unis et Israël. L’objectif de créer un Etat palestinien avait été réaffirmé fin 2007 à Annapolis par l’ancien Premier ministre Ehud Olmert et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, réunis dans le Maryland par George Bush.
Autre point de divergence: la question du nucléaire iranien. Les Israéliens s’inquiètent des pourparlers envisagés par Obama avec Téhéran. Ils craignent que la question de leur propre force nucléaire – officiellement inexistante – soit soulevée au cours de négociations sur un éventuel désarmement atomique du Moyen-Orient. Sur ce point, Barack Obama qui a adopté une approche diamétralement opposée à celle que suivait l’Administration Bush, a dit à son visiteur israélien ne pas avoir de justification à fixer un “calendrier artificiel” à la politique d’engagement qu’il tente de mettre en œuvre avec Téhéran. Pour l’Administration Obama, la question israélo-palestinienne est cruciale dans l’optique d’un rétablissement de l’image et des relations des Etats-Unis avec le monde musulman.
Malgré l’échec de la rencontre, le président Obama, après avoir souligné que “la solution des deux Etats” servait les intérêts des deux camps, il a laissé une note d’espoir en formulant son souhait d’enregistrer des progrès avant la fin de l’année.
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