Ce n’était pas qu’une promesse de campagne, et c’est la preuve que Barack Obama veut faire ce qu’il a dit. Si une guerre doit être menée aujourd’hui par les États-Unis, c’est en Afghanistan. L’offensive terrestre amorcée hier par quelque 4 000 marines dans la vallée de Helmand représente un tournant dans la politique américaine. Jamais une opération d’une telle ampleur ne s’était déroulée dans ce pays depuis le retrait de l’armée soviétique, en 1989.
Il faudra du temps, beaucoup de temps et sans doute de sang versé pour venir à bout des plus déterminés des talibans. Mais à ceux qui doutaient de voir un jour Obama en chef de guerre, le nouveau président apporte une réponse. Sa rhétorique, sur la scène internationale, est en rupture avec le vocabulaire belliqueux de Bush. Il tend la main à l’Iran, il rouvre une ambassade en Syrie, il rééquilibre le discours américain entre Israéliens et Palestiniens. Mais la «colombe Obama» sait qu’il ne peut faire l’économie des armes en Afghanistan, terreau du terrorisme antioccidental avec le Pakistan voisin.
Depuis huit ans que les Américains croisent le fer avec les talibans et leurs alliés arabes d’al-Qaida, la situation n’a guère évolué. Au nom du réalisme, Obama et ses conseillers ont donc décidé de changer de tactique. Aux frappes aériennes, qui causaient de nombreux dégâts collatéraux, ils ont substitué la guerre contre-insurrectionnelle sur le terrain. Méthode ancienne, inspirée des techniques françaises déployées en Indochine et Algérie, elle a réussi au général Petraeus en Irak, pour retourner les tribus sunnites.
C’est donc au sol, kilomètre après kilomètre, que les forces américaines vont désormais avancer. Objectif : protéger la population des combattants islamistes, marginaliser les insurgés du peuple, séparer le bon grain de l’ivraie. Pour s’assurer le soutien d’une majorité d’Afghans. Pour couper les routes de la corruption et du trafic d’opium. Sur les contreforts de l’Hindu Kuch et dans les vallées d’Asie centrale, la guerre ne peut être conventionnelle. La plus puissante armée du monde doit s’adapter à la guérilla.
Obama parie aussi sur cette nouvelle offensive pour pallier la timidité de l’engagement des Européens sous la bannière de l’Otan. Excepté les Britanniques et les Français, les autres nations présentes se cantonnent à des missions d’observation. Le retrait programmé d’Irak permet à Washington de doubler ses effectifs en Afghanistan pour atteindre près de 70 000 hommes à la fin de l’année.
Avec la guerre contre-insurrectionnelle, les États-Unis ont évité le bourbier que d’aucuns leur prédisaient en Mésopotamie après le renversement de Saddam. Permettra-t-elle à Obama de ne pas s’enliser en Afghanistan, terre hostile entre toutes ? En Amérique, le souvenir du Vietnam n’est jamais loin. Il avait été la plaie de ses prédécesseurs démocrates, Kennedy et surtout Johnson.
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