Collaboration
Romell Broom, condamné à mort pour l’enlèvement, le viol et le meurtre d’une adolescente en 1984 à Cleveland, n’est lui-même pas mort. A ce jour. Dans l’Etat de l’Ohio, les exécuteurs ont mal fait leur travail : n’arrivant pas le 15 septembre dernier, deux heures durant et seringues à la main, à trouver la veine dans laquelle ils auraient pu injecter le liquide léthal, ils ont renvoyé, sur décision du gouverneur de l’Etat, le condamné dans sa cellule -au moins jusqu’au 30 novembre.
On ne glosera pas ici sur le profil du condamné, ni sur la légitimité de la peine de mort, que les Etats-Unis restent un des derniers pays occidentaux à appliquer. Mais Rommel Broom a cette semaine, dans une déclaration sous serment, raconté les deux heures de cette exécution manquée. C’est d’un bout à l’autre épouvantable.
Mais le plus épouvantable est là : lorsque le directeur de la prison, ayant reçu l’appel du gouverneur lui accordant ce délai de grâce, fait son entrée dans la cellule où depuis deux heures le condamné vit sa mort en différé ; lorsqu’il loue, d’après Broom, « le professionnalisme de son équipe » ; et lorsqu’il lui dit, à lui le mort en sursis, qu’il a aussi vivement apprécié sa collaboration.
Quand les bourreaux remercient leur victime d’y avoir mis du leur, on peut être sûr qu’ils ont, sinon le coeur tendre, du moins le sens du consensus.
Jérôme Mallien
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