Le prix décerné à Barack Obama est un signe de réalisme bien davantage qu’une niaiserie idéaliste. L’honneur dissimule un camouflet destiné à tous les faucons. Et le message est à double détente.
La plus haute distinction mondiale a donc été décernée à une mission impossible, confiée à un chef d’Etat débutant. Pourquoi pas? Après tout, il est moins discutable d’attribuer, en 2009, le prix Nobel de la Paix à Barack Obama -bien avant qu’il n’ait réussi- qu’à Jimmy Carter, en 2002 -bien après qu’il eut échoué.
Dans la série des décisions discutables, on a vu pire. Le président Theodore Roosevelt, au hasard, Prix Nobel de la Paix en 1906, était l’inventeur de la doctrine du “big stick” (gros bâton), qui se traduisit par un accroissement significatif des interventions et de l’arsenal militaires américains.
On pourrait citer beaucoup d’autres exemples et même se gausser de la propension séculaire du jury norvégien à récompenser des hommes d’Etat américains.
Mais faire le procès du Nobel n’est, en l’occurrence, ni une bonne ni une juste cause. Pour tout dire, c’est un peu facile. Car ce qu’on a voulu saluer, à Oslo, est une volonté, plus qu’une promesse de paix, une détermination individuelle plus qu’une illusion collective.
Le prix Nobel attribué à Barack Obama récompense une volonté plus qu’une promesse
Ce Nobel est un signe de réalisme bien davantage qu’une niaiserie idéaliste. L’honneur dissimule, en creux, un camouflet destiné à tous les faucons, de Washington au Moyen-Orient. Et le message est à double détente.
D’abord, un grand espoir. Celui que Barack Obama a su soulever en voulant changer le rapport de l’hyperpuissance américaine avec le reste du monde. Cette ambition rejoint une aspiration planétaire, que le profil “biracial” d’Obama incarne mieux que tout autre leader actuel.
Même si, à ce jour, la seule avancée pacifique à mettre au compte de l'”esprit Obama” est le protocole historique signé, au lendemain de l’attribution du Nobel, entre l’Arménie et la Turquie, le discours adressé à l’islam, le rapprochement avec la Russie, l’objectif de réduction des armements nucléaires, la nouvelle prise en compte de l’Afrique dessinent des pistes qui n’existaient pas il y a quelques mois. En l’absence de toute alternative, le “besoin” d’Amérique est toujours, mais autrement, présent.
Ensuite, et surtout, ce Nobel correspond à une “mesure incitative”, à une obligation de résultat alors même que Barack Obama commence à marquer le pas. Plutôt que d’être récompensé pour une oeuvre encore trop brève, le président américain est exhorté à justifier ses lauriers.
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