Plus encore qu’un simple symbole, le choix surprise du comité des Nobel d’attribuer son prestigieux prix à Barack Obama est un puissant message politique adressé aux peuples du monde. Les Nobel n’ont donc pas récompensé des actes, mais de l’audace, des intentions positives, une grande promesse ou, plus, un espoir en un avenir meilleur.
Dans un monde violent, bousculé par un terrible séisme financier, par le fossé des inégalités, par des bouleversements écologiques inconnus jusque-là, par des tensions et des guerres, le grand jury d’Oslo souligne aussi les urgences auxquelles est confrontée l’humanité.
En rejoignant le panthéon d’illustres personnalités, telles que Martin Luther King, Mère Teresa, Aung San Suu Kyi, Mandela, Barack Obama est ainsi confirmé comme l’homme de la rupture avec la politique belliciste, guerrière, nationaliste du bushisme, avec le voile que cette politique réactionnaire avait jeté sur les enjeux climatiques et environnementaux dès lors que les États-Unis avaient refusé de signer le protocole de Kyoto.
C’est aussi le rejet de cette sinistre et mortifère théorie de la guerre des civilisations. Le Nobel de la paix doit servir à passer aux actes. C’est l’urgence !
Il semble paradoxal qu’il soit attribué à un chef d’État qui occupe d’autres États, notamment l’Afghanistan et l’Irak. Cela ne fait que renforcer la nécessaire mobilisation des peuples pour des solutions diplomatiques, politiques à ces guerres, afin que les Irakiens et les Afghans retrouvent leur souveraineté politique et économique.
Le journal de Jaurès que nous sommes ne peut que saluer les efforts engagés pour annuler l’installation des boucliers antimissiles aux frontières polonaise et tchèque, pour le vote de la résolution appelant au désarmement atomique et à la non-construction de nouveaux arsenaux nucléaires, les recherches d’une voie diplomatique au lieu de la confrontation avec l’Iran, la nomination d’un émissaire chargé de rechercher une solution pour un État palestinien aux côtés d’Israël, la fermeture de la sinistre prison de Guantanamo.
Malheureusement pour l’instant, les résultats sont quasiment nuls. Mais cela devrait faire réfléchir les dirigeants français qui, à l’opposé, ont réintégré la France dans l’OTAN, refusent la main tendue par la Turquie, jouent la stratégie de la tension avec l’Iran, expédiant en Afghanistan à la fois des troupes militaires et des charters de réfugiés fuyant les talibans.
Le chemin reste encore long pour lever tous les obstacles à un monde plus harmonieux, débarrassé de la pauvreté, de la famine, des guerres et des destructions environnementales. Les stratégies de domination, de guerre économique, inhérentes au capitalisme s’y opposent. Le Nobel est donc un appel au courage politique, à la fermeté, pour que les États-Unis, en coopération avec tous les États et les peuples du monde, s’engagent plus avant dans la résolution des graves problèmes actuels, au premier rang desquels la pauvreté, l’odieuse dette du tiers-monde, les guerres et les conflits, la construction d’un véritable État palestinien, aux côtés de l’État d’Israël, dont la sécurité doit être garantie.
Le président américain doit aussi accompagner les peuples d’Amérique latine : il devrait faire respecter les votes au Honduras en rétablissant M. Zelaya dans ses fonctions, refuser l’implantation des bases militaires en Colombie ou encore faire cesser le blocus contre Cuba et libérer les cinq de Miami.
La surprise créée hier matin par le comité Nobel de la paix est plus un encouragement pour des choix nouveaux que la consécration de réalisations concrètes dont nous souhaitons ardemment qu’elles se réalisent. C’est la force d’une belle promesse et d’un espoir que nous partageons, lesquels demandent la mobilisation des peuples pour entrer dans la vie.
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