Fusillade au Texas : y a-t-il erreur sur le héros ?
Le sergent Kimberley Munley à l’hôpital en compagnie du secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates. Crédits photo : AFP
En quelques jours, les médias ont hissé une jeune policière de 34 ans au rang d’héroïne nationale, après le carnage de Fort Hood. Mais un nouveau témoignage indique que c’est son collègue afro-américain qui a mis le tueur fou à terre.
Les Etats-Unis sont toujours prompts à fabriquer des héros. Les Américains viennent d’en donner un nouvel exemple, après la fusillade sur la base militaire de Fort Hood, au Texas, qui a fait treize morts et 42 blessés le 5 novembre dernier. Depuis quelques jours, la jolie Kimberly Munley, sergent dans la police civile, avait conquis le cœur des Américains en racontant devant les caméras son rôle dans la neutralisation du tireur.
Les autorités l’avaient désignée comme la personne ayant mis en échec Nidal Hasan alors qu’il tirait sur des soldats réunis sur la base. Rôle qu’elle a endossé, tout en restant floue sur le déroulé des événements. Invitée le 11 novembre sur le plateau de la célèbre animatrice de télévision Oprah Winfrey, Kimberley Munley, 34 ans et mère d’une enfant de trois ans, a expliqué qu’elle était en train de laver sa voiture de patrouille lorsqu’elle a entendu la fusillade. «Il y avait beaucoup de gens dehors montrant la direction où cet individu se trouvait. Dès que je suis sortie de mon véhicule et que j’ai couru vers le haut de la colline, les choses ont commencé à aller assez mal et on a commencé à essuyer des coups de feu», a expliqué la policière, surnommée «Souris robuste» par ses collègues.
Selon des témoins, elle a été l’un des premiers membres des forces de l’ordre à se présenter armé sur les lieux de la fusillade et à tirer sur son auteur, le psychiatre militaire Nidal Hasan. Malgré plusieurs blessures par balles, la jeune femme, qui se trouvait aux côtés d’un autre policier de la base, le sergent Mark Todd, a expliqué à la télévision avoir «refusé de perdre connaissance». Blessant à son tour le tueur fou, elle serait ainsi parvenue à mettre fin au carnage.
Une enquête balistique est en cours
Mais un nouveau témoignage, publié vendredi dans le New York Times, est venu jeter le trouble jeudi sur le déroulement du drame. Il révèle que le tireur aurait été en réalité mis à terre par son collègue, le sergent Mark Todd, un Afro-américain de 42 ans. Une enquête balistique est en cours pour déterminer l’origine de la balle qui a permis d’arrêter le tueur.
Les soupçons planent désormais sur l’armée américaine. N’aurait-elle pas, avec l’aide des médias, mis en avant de l’héroïsme de la jolie jeune femme, pour faire oublier ses négligences ? Car certains témoignages, réunis par les autorités américaines au sujet de Nidal Hasan avant le massacre, indiquent que l’armée connaissait les difficultés psychologiques de l’officier. D’autres éléments montrent qu’elle savait également qu’il était en contact avec un imam radical.
Ce rebondissement intervient alors que plusieurs déclarations officielles s’étaient déjà avérées fausses le jour même de la fusillade. La mort de Nidal Hasan avait ainsi été malencontreusement annoncée.
Alors que le président américain Barack Obama a ordonné une enquête pour déterminer si les autorités ont négligé des signes avant-coureurs du massacre, Nidal Hasan devra répondre de treize meurtres avec préméditation devant la cour martiale qui le jugera. Un crime passible de la peine de mort.
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