At the White House

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C’était le 9 septembre 2009. Accompagné par Bill Clinton, Barack Obama était venu au Lincoln Center de New York prononcer un hommage en mémoire de Walter Cronkite, grande figure du journalisme américain, décédé deux mois plus tôt. A cette occasion, le président des Etats-Unis prononça un discours qui mériterait d’être encadré dans toutes les salles de rédaction :

“Nous savons que les temps sont durs pour le journalisme. Tandis que l’appétit pour les nouvelles augmente, les rédactions ferment. Malgré les grands sujets que fournit notre époque, des journalistes sérieux se trouvent sans travail. (…) Trop souvent, nous remplissons ce vide par du commentaire instantané, du bavardage sur les célébrités et les histoires insignifiantes que Walter Cronkite dédaignait, au lieu des nouvelles fortes et du journalisme d’investigation qu’il défendait. (…) Le débat public s’appauvrit. La confiance du public diminue. Nous échouons à comprendre le monde, ou à nous comprendre les uns les autres, comme nous le devrions, et cela a des conséquences sur nos vies, sur la vie de notre pays.”

On peut voir un extrait de ce discours à la fin de “Full access ?”, le remarquable documentaire de Laurence Haïm que Canal+ diffuse vendredi 15 janvier. Accréditée à la Maison Blanche, elle a suivi pas à pas le président américain pendant la première année de son mandat. On y découvre l’énorme machine de communication qui entoure Barack Obama, le “mur invisible” qui sépare le staff présidentiel du “White House Press Corps”. Ainsi que le souligne le patron du mensuel Vanity Fair, Graydon Carter, la situation est paradoxale : le président accorde énormément d’interviews, “trop”, dit-il, mais en même temps la moindre de ses interventions est totalement verrouillée. De nombreux journalistes ont participé à ce film : des correspondants à la Maison Blanche comme Chuck Todd (NBC News), Ed Henry (CNN) ou encore l’extraordinaire Helen Thomas, qui, à 89 ans, a couvert toutes les présidences depuis Kennedy ; des “stars” comme Dan Rather (CBS News) et Jim Hoagland (Washington Post) ; des représentants des nouveaux médias comme Bill Nichols, le patron du site Politico. Chacun à leur manière, ils reconnaissent qu’Obama est un grand communicant, mais ils regrettent qu’il ait renoncé à mettre en oeuvre la “transparence” promise durant sa campagne.

Le résultat est saisissant : les grands networks proposent une couverture en quasi-continuité des activités présidentielles – Chuck Todd assure quinze directs par jour pour la chaîne d’information de NBC, “à peine le temps d’aller aux toilettes et de téléphoner aux enfants”, et reçoit jusqu’à 3 000 mails par jour sur son BlackBerry ; mais ils ne donnent à voir et à entendre qu’une information systématiquement filtrée par les conseillers du président. A méditer, en espérant voir un jour un autre documentaire, mais cette fois sur les conditions de travail des journalistes accrédités à l’Elysée.

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