Disarmament: Dream and Reality

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Désarmement : rêve et réalité

Alors que le désordre nucléaire menace la planète, le rêve d’un monde où l’arme atomique n’aurait plus cours connaît un regain de popularité.

L’instabilité alarmante du Pakistan, les ambitions nucléaires de l’Iran et les provocations nord-coréennes nous rappellent chaque jour à quel point le régime de non prolifération est fragile.

Face à ces trois dossiers, l’impuissance est telle qu’il est tentant de se projeter dans un avenir idéal.

À Prague, en avril, puis aux Nations unies, en septembre, Barack Obama s’est fait le chantre d’une élimination de l’arme nucléaire. C’est une idée un peu prématurée, mais d’une générosité que l’on ne saurait combattre.

Rappelons, tout de même, que l’Europe n’a pas eu besoin de bombe atomique pour subir les hécatombes du XXème siècle. À cette aune-là, la dissuasion est une bénédiction.

Pour aboutir à l’objectif rêvé, le passé nous incite à un minimum de réalisme: le désarmement ne sera possible que si l’on parvient à rendre le monde plus sûr. Nous en sommes loin.

Cela dit, la France n’a pas à se ranger dans le camp des grincheux, vite dépeints comme des empêcheurs de désarmer. Non, nous ne nous accrochons pas au symbole d’une «grandeur» passée pour conserver nos moyens de destruction massive, comme veulent le faire croire les poncifs d’une certaine campagne anti-française.

L’élimination des arsenaux nucléaires n’étant pour demain, soyons résolument en faveur de «l’abolition» de l’arme ultime, puisque c’est en ces termes moraux que la question est posée.

Faisons clairement savoir que nous avons fait plus qu’aucun autre pays pour oeuvrer à la noble cause: élimination des missiles du plateau d’Albion, réduction d’un tiers de la composante aéroportée, chiffrage transparent à «moins de trois cents» du nombre de têtes nucléaires, soit le niveau de «stricte suffisance» pour une dissuasion crédible.

Exigeons des autres puissances nucléaires qu’elles en fassent autant et qu’elles cessent, surtout, de renforcer et de moderniser leurs arsenaux.

Cette campagne internationale ne fait que commencer. Ne nous payons pas de mots. Mais, surtout, ne nous comportons pas en assiégés et évitons de nous désigner nous-mêmes comme la cible des croisés du désarmement, alors que leur véritable objectif, à ce stade, est de cacher leur impuissance en Iran, en Corée du Nord ou au Pakistan.

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