Le voyage de Nicolas Sarkozy aux États-Unis avait un caractère presque salvateur. Sur trois sujets brûlants de politique internationale, le président français et Barack Obama ont pu afficher une convergence de vue qui n’allait pas de soi.
À propos de l’Afghanistan, de l’Iran et de la régulation du capitalisme, les deux hommes semblent aujourd’hui en phase, même s’ils ont soigneusement évité d’entrer dans des détails qui peuvent fâcher. On retiendra donc la démonstration d’amitié nécessaire à des rapports diplomatiques bien coordonnés. Il fallait surmonter les désaccords passés, dissiper les malentendus, chasser les rumeurs malveillantes qui nuisaient aux relations entre les deux chefs d’État.
Voilà pour la photo de famille. La France a besoin des États-Unis, et vice versa. Chacun en convient, l’affirme, le répète. Mais, au-delà, jamais Paris et Washington n’ont entretenu de liens de « copinage » étroits sous la Vème République, les Français veillant scrupuleusement à leur indépendance, les Américains à leur « leadership » mondial. C’était vrai hier, ce le sera encore demain.
Et pourtant, rarement les deux nations n’ont été, dans le fond, aussi proches. D’abord, par la personnalité des deux hommes qui les dirigent. Ils sont jeunes, ont la même volonté de réformer leur pays respectif, montrent une envie identique de marquer leur époque. Un profil qui les rend comparables, et qui en fait, pour les mêmes raisons, des concurrents.
Ensuite, le président français, un temps appelé « Sarkozy l’Américain » en vertu de son tropisme supposé pour le libéralisme, présente une absence de complexes dans l’action, typique des responsables d’outre-Atlantique. Par ailleurs, c’est lui qui a replacé la France dans le commandement intégré de l’Otan. Obama, de son côté, mène une politique intérieure très européenne. Motif pour lequel sa réforme de la santé, si décriée aux États-Unis, nous paraît, au contraire, d’une grande logique.
À l’occasion du séjour de Nicolas Sarkozy, la presse américaine a souligné qu’Obama ne comptait pas d’amis sur la scène internationale. Mais est-ce là son souci majeur ? Paris ne sera jamais un ennemi. Contrairement à Pékin, dont il accueillait au même moment le nouvel ambassadeur avec enthousiasme, dans l’espoir de nouer une « relation positive » avec la Chine. Trahissant ainsi l’ordre de ses priorités.
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