G20 : l’extrême pessimisme de Barack Obama sur l’économie mondiale
Un immense filet de sécurité a été déployé autour de la région de Toronto qui s’apprête à accueillir des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que des milliers de manifestants à l’occasion des sommets du G8 et du G20
Europe contre Etats-Unis ? C’est le nouveau match du week-end. Les pays du G20 sont en effet profondément divisés sur la question de l’imposition d’une taxe bancaire mondiale, sur la justesse d’adopter maintenant des mesures d’austérité budgétaire alors que la reprise demeure fragile et sur l’ampleur des mesures à prendre pour rétablir l’équilibre dans les finances publiques. Pour simplifier on peut voir deux lignes de fracture : l’une qui porte sur la taxation des banques, l’autre sur les politiques d’austérité. Sur le premier point le Canada, la Chine, l’Inde et l’Australie, notamment, s’opposent farouchement à l’imposition d’une taxe mondiale aux banques, alors que les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et l’Union européenne y tiennent mordicus.
Chassé-croisé entre l’Amérique d’Obama et, pour schématiser, l’Europe de Merkel
Mais sur le deuxième on assiste à une sorte de chassé-croisé entre l’Amérique d’Obama et, pour schématiser, l’Europe de Merkel, même si à la veille du sommet chacun s’est évertué à minimiser ces divergences. Mais les divisions sont telles que l’ancien premier ministre Paul Martin, considéré comme le père du G20, a lancé un appel à la raison plutôt solennel. «La question que l’on doit se poser n’est pas de savoir comment satisfaire les banquiers de New York, de Londres ou de l’Allemagne, mais comment maintenir l’économie de la planète en santé. (…) Si le G20 veut réussir, il doit s’assurer que les pourparlers ne portent pas uniquement sur les droits souverains de ses membres, mais aussi sur les obligations de tous».
Contre « l’austérité », le Président américain souhaite que ses partenaires “renforcent la reprise” en stimulant la consommation
Sur la question de l’austérité, Barack Obama, la semaine dernière, a envoyé à ses homologues une lettre dans laquelle il les implore de ne pas réduire trop vite leurs dépenses au motif que cela pourrait faire dérailler la reprise. Certains pays d’Europe, ébranlés par la crise de la dette grecque, n’ont pas voulu entendre cet appel. La Grande-Bretagne et l’Allemagne ont présenté cette semaine des budgets qui prévoient des compressions importantes et des hausses de taxes. Car le Président américain souhaite au contraire que ses partenaires “renforcent la reprise” en stimulant la consommation. “Nous devons nous concentrer sur le défi de la croissance et la confiance car la croissance et la confiance sont essentielles”, a insisté vendredi dans un entretien à la BBC le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner.
« Ils veulent absolument réduire les aides aux personnes en difficulté, mais leurs préoccupations concernant les déficits disparaissent dès qu’il s’agit de baisser les impôts pour les riches »
Obama reprend ainsi à son compte une théorie vigoureusement défendue par le Prix Nobel d’économie, Paul Krugman : « de nombreux économistes, dont moi-même, voient ce mouvement vers l’austérité comme une énorme erreur. Il ravive des souvenirs de 1937, quand la tentative prématurée de Roosevelt d’équilibrer le budget a contribué à faire replonger une économie encore convalescente dans la récession. En Allemagne, quelques chercheurs établissent des parallèles avec les politiques de Heinrich Bruening, le chancelier de 1930 à 1932, dont le dévouement à l’orthodoxie financière a fini par causer la fin de la République de Weimar. » Et de continuer : « En Amérique, de nombreux faucons du déficit sont des hypocrites, ni plus ni moins : ils veulent absolument réduire les aides aux personnes en difficulté, mais leurs préoccupations concernant les déficits disparaissent dès qu’il s’agit de baisser les impôts pour les riches ». Extrêmement pessimiste (« que la politique économique mondiale a pris un mauvais virage capital, et que les risques d’une crise prolongée augmentent de jour en jour »), le Prix Nobel estime que « l’austérité allemande va empirer la crise dans la zone euro, rendant la reprise beaucoup plus difficile pour l’Espagne et d’autres économies dans la tourmente. Les problèmes européens entraînent aussi une faiblesse de l’euro, ce qui soutient la production allemande, mais fait aussi peser les conséquences de l’austérité allemande au reste du monde, dont les États-Unis ».
Obama : “la tourmente économique peut facilement se propager. Des garde-fous dans chacun de nos pays peuvent contribuer à les protéger tous”
Obama n’est pas plus optimiste : « Et la tourmente économique peut facilement se propager. Des garde-fous dans chacun de nos pays peuvent contribuer à les protéger tous ». Par ailleurs, plusieurs organisations non gouvernementales ont dénoncé vendredi les promesses non tenues en faveur du développement des principaux dirigeants de la planète, leur distribuant des cartons jaunes : sur son carton jaune, Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir failli à son engagement de 2008 en vertu duquel 16 millions d’enfants supplémentaires issus de l’Afrique subsaharienne seraient scolarisés en 2010. La création d’un fonds de 2 milliards de dollars pour l’éducation est toujours attendue de la part de Barack Obama, alors qu’ils réclament des “plans d’action” contre le réchauffement climatique, le sida ou la mortalité infantile. “Où sont les vingt milliards de dollars” promis lors du dernier sommet du G8 à L’Aquila en Italie? ont aussi demandé ces ONG. “Mettez l’argent sur la table, sauvez des vies!” *
*Editor’s note: This quote, properly translated, cannot be verified.
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