In Afghanistan, a Dismissal and Malaise

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Barack Obama avait sûrement de bonnes raisons pour prendre une décision aussi lourde que celle qu’il a annoncée mercredi soir 23 juin : le limogeage du commandant en chef des forces de l’OTAN en Afghanistan, le général Stanley McChrystal. M. Obama a jugé que les remarques faites à la presse par le général et son équipe rapprochée violaient un principe constitutionnel fondamental : la prééminence du pouvoir civil sur les militaires.

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Dans un reportage publié par le mensuel Rolling Stone, le général et ses collaborateurs multiplient les remarques désobligeantes sur l’ambassadeur américain à Kaboul, l’envoyé spécial du département d’Etat pour l’Afghanistan et le Pakistan, le chef du Conseil national de sécurité à la Maison Blanche, parmi quelques autres. Le ton d’ensemble est celui d’un mépris ouvertement affiché pour l'”échelon civil” dans la chaîne de commandement.

Mais, quoi qu’en pense le président américain, cette décision ajoute à l’impression de fiasco qui se dégage, jour après jour, de cette interminable guerre d’Afghanistan – déjà huit ans et demi de combats. Avec Stanley McChrystal, c’est un homme-clé qui s’en va. En poste depuis tout juste un an, il est l’auteur de la doctrine militaire aujourd’hui appliquée en Afghanistan : amener des renforts (le “surge”) pour chasser l’insurrection islamiste talibane du sud du pays, puis rester sur le terrain afin d’y garantir la sécurité et offrir un début d’administration économique et sociale aux populations concernées.

Cette doctrine est unanimement soutenue par les alliés des Etats-Unis en Afghanistan, longtemps mal à l’aise avec le “tout militaire” lourdement appliqué par l’armée américaine. Elle est aussi approuvée par le chef de l’Etat afghan, Hamid Karzaï, homme instable, au comportement erratique et aux relations douteuses, mais avec lequel le général McChrystal était l’un des rares à entretenir une relation de – relative – confiance.

Le moment où intervient cette démission n’est pas non plus anodin. Alors que la doctrine McChrystal est testée dans la région de Marjah, dans le Sud, le mois de juin s’est avéré le plus meurtrier pour les quelque 142 000 soldats étrangers déployés en Afghanistan : 79 morts en trois semaines. Et ce chiffre vient rappeler l’immense difficulté et le peu de succès apparent de l’OTAN, depuis 2001, en cette terre d’Asie centrale où se sont brisées les précédentes interventions extérieures.

Stanley McChrystal sera remplacé par un autre général américain, David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan.

La situation qu’il va trouver n’est pas rassurante. L’insurrection talibane ne paraît pas sur le recul. L’opération Marjah-Kandahar, laboratoire de la guerre, ne semble pas concluante. L’étrange M. Karzaï tarde à nouer un dialogue politique avec les talibans. Aux Etats-Unis et en Europe, gouvernements et opinions se lassent : ils veulent une stratégie de sortie et des signes de succès. Ils n’ont pas tort.

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