Robert Roosa and the Ups and Downs of the Dollar

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Robert Roosa et les soubresauts du dollar

Ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed) et principal conseiller économique du président Obama, Paul Volcker ne s’en cache pas : tout doit être fait pour que l’euro ne puisse pas devenir un rival du dollar. Discours logique pour quelqu’un qui commença sa carrière dans l’administration Kennedy sous les ordres de Robert Roosa, dont le nom est associé à l’affirmation de la suprématie du dollar et à la chronique de la mort annoncée de l’or.

Robert Roosa naît le 21 juin 1918 dans le Michigan. Il obtient son PhD (doctorat) en économie en 1942 et part immédiatement en Europe pour la guerre. Il est démobilisé en 1946 et rejoint les services d’étude économique de la branche new-yorkaise de la Fed.

En 1961, il devient sous-secrétaire au Trésor. A l’époque, la balance des paiements courants américaine est équilibrée mais les mouvements de capitaux à long terme sont déficitaires. Les entreprises américaines multiplient les investissements à l’étranger, essentiellement en Europe. Les dollars sortent des Etats-Unis, non pas, comme aujourd’hui, pour assurer la consommation des Américains, mais pour bénéficier du travail européen, alors à la fois de bonne qualité et peu coûteux.

Résultat, tandis qu’en 1950 le stock d’or américain représentait sept fois les avoirs en dollars des banques centrales étrangères, en 1960, il parvient juste à les couvrir. Roosa prend le taureau par les cornes. Il affirme que le problème n’est pas américain – il est bon pour tout le monde que les entreprises américaines élèvent le niveau mondial d’investissement, affirme-t-il. Le problème est donc celui des pays qui refusent de partager leur croissance en accumulant des excédents extérieurs, essentiellement l’Allemagne et le Japon.

Il impose donc une réévaluation du mark de 5 % et réclame des plans de relance budgétaire en Allemagne et au Japon. Il organise ensuite la création du “pool de l’or”, mécanisme de mutualisation des réserves en or des principales banques centrales pour contrer d’éventuels mouvements spéculatifs. Enfin, il invente les “bons Roosa”. Il s’agit d’obligations du Trésor américain proposées à l’achat aux banques centrales qui ont des réserves en dollars. Ces bons sont non négociables mais offrent deux avantages : un taux supérieur à ceux pratiqués sur les marchés obligataires ; des intérêts versés dans la monnaie du pays souscripteur, ce qui le protège contre toute dévaluation du dollar ou contre les conséquences d’une réévaluation de sa devise.

En fait, Roosa a deux idées fortes sur le système monétaire international qu’il répétera continuellement : ce système doit reposer sur une référence, car un système de changes flottants pénalise la croissance par l’incertitude permanente qu’il entretient ; la référence doit être le dollar, car c’est la devise de la première puissance économique et politique de la planète.

Quand il quitte ses fonctions ministérielles pour une carrière de banquier privé en 1965, le stock d’or américain ne couvre plus que 85 % des dollars des banques centrales. Mais quand il meurt en décembre 1993, il semble avoir obtenu gain de cause : l’or a disparu, et les accords du Louvre de février 1987 sont supposés avoir mis le dollar au centre d’un système de changes flottants encadré. Néanmoins, le récent G20 l’a montré : les désordres monétaires sont toujours là, plus que jamais.

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