Kaboul, la capitale afghane, va accueillir un événement unique. Il s’agit d’une conférence internationale sur l’Afghanistan qui réunira plus de 70 pays, des organisations internationales et régionales, ainsi que des institutions financières, et dont le but est d’appuyer un plan en faveur du développement de la gouvernance et de la stabilité.
Cette conférence permettra de définir des orientations claires pour la transition vers une prise en main par les Afghans de leur destin ainsi que des responsabilités qui leur incombent. En bref, cette conférence marquera une étape du processus à l’issue duquel les Afghans seront finalement les maîtres chez eux.
Cette nouvelle dynamique politique n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un effort soutenu consenti aussi bien par les Afghans que par la communauté internationale pour donner au pays une nouvelle chance.
La tragédie du 11-Septembre nous a ouvert les yeux. Il n’était plus question de se cantonner dans l’indifférence. Notre seul choix était de nous impliquer. Laisser l’Afghanistan livré à lui-même n’aurait fait qu’accroître l’instabilité dans ce pays et aurait entraîné de nouveaux attentats terroristes dans le monde entier.
On ne peut pas nier que la communauté internationale a d’abord sous-estimé l’ampleur du défi qu’il fallait relever. Cela fait maintenant neuf ans qu’elle a décidé d’intervenir, et nous constatons avec douleur que le prix à payer est bien plus élevé que prévu – surtout sous la forme de la perte de vies humaines, qu’il s’agisse de soldats afghans ou de soldats d’autres pays. Mais l’Afghanistan se dirige finalement dans la bonne direction. Il est possible que les insurgés pensent que nous finirons bien par partir, mais nous resterons tout le temps nécessaire pour mener notre tâche à son terme.
En ce qui concerne la formation que nous donnons aux soldats et à la police d’Afghanistan, nous sommes en avance sur le calendrier et, d’ici à 2011, les forces de sécurité afghanes compteront quelque 300 000 hommes – qui seront là pour rester. En envoyant 40 000 hommes supplémentaires, nous avons démontré notre détermination à protéger le peuple afghan en tenant les zones que nous avons libérées des insurgés.
Et enfin nous combattons les talibans là où nous pouvons leur porter les coups les plus durs. Ces derniers mois, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l’OTAN a lancé des offensives militaires dans le bastion taliban – les provinces du Helmand et de Kandahar.
Ces opérations, dans le cadre desquelles les forces de sécurité afghanes jouent un rôle important, vont inévitablement entraîner une intensification des combats. Malheureusement, il y aura de nouvelles victimes.
Mais ces actions militaires ont un poids politique énorme. Elles contribuent à marginaliser les talibans en tant que force politique et militaire. Et cela incitera bon nombre de ceux qui ont rejoint les talibans à quitter les rangs et à s’associer à l’effort de réconciliation.
La réconciliation impose toutefois des obligations. Le renoncement à la violence et le respect de la Constitution afghane, y compris les droits des femmes, sont des conditions préalables à la réussite de la réintégration. Les autorités afghanes le savent, et nous ne manquerons jamais de le leur rappeler.
NOUS CONTINUERONS À NOUS TENIR AUX CÔTÉS DE LA POPULATION
Les élections parlementaires de septembre constitueront la prochaine grande étape politique. A plusieurs reprises depuis la chute du régime de la terreur mis en place par les talibans, et en dépit des menaces de mort, les Afghans ont été nombreux à se rendre aux urnes. Rien ne pourrait mieux illustrer la volonté du peuple afghan de prendre son avenir en main.
Les forces dirigées par l’OTAN appuieront les prochaines élections, mais ce sont les Afghans eux-mêmes qui devront veiller à ce qu’elles se déroulent en toute sécurité et à ce qu’elles soient libres et équitables.
Tous ces éléments vont dans la même direction : une transition progressive vers la prise en main par les Afghans de leur destin. Cette transition ne se fera pas sur la base d’un calendrier artificiel. Elle se fera sur la base d’évaluations claires de la situation politique et militaire dans chaque région et, partout où elle sera appliquée, elle sera irréversible.
Le fait de lancer le processus de transition ne signifie pas que nous allons abandonner la lutte qui est menée pour qu’à l’avenir l’Afghanistan soit un pays stable dans une région instable. Même lorsque nos forces commenceront à jouer un rôle de soutien, l’Afghanistan aura toujours besoin de l’appui de la communauté internationale, y compris de l’OTAN. Il est important que nous envoyions un message clair exprimant notre engagement à long terme. Et il faut que la population afghane sache que nous continuerons à nous tenir à ses côtés lorsqu’elle définira la voix qui la conduira vers l’avenir.
Pour souligner cet engagement, j’estime que l’OTAN devrait établir un accord de coopération à long terme avec le gouvernement afghan. Grâce à un tel partenariat, l’Afghanistan aura encore plus confiance en lui-même, car il redeviendra maître de son destin.
Il y a maintenant un nouveau commandant à la tête de la mission de la FIAS, le général David Petraeus. La stratégie que nous avons mise en place n’a cependant pas changé, parce que c’est la bonne. Notre objectif est clair : veiller à ce que l’Afghanistan ne redevienne pas une terre d’accueil pour le terrorisme.
Nous sommes en train de donner aux Afghans les moyens de résister par eux-mêmes au terrorisme et à l’extrémisme. Nous sommes en train de changer les conditions politiques dans les régions stratégiques-clés de l’Afghanistan ; nous protégeons la population ; nous renforçons les capacités du gouvernement élu ; et nous assurons la formation de l’armée afghane, afin de permettre au pays d’assurer lui-même sa sécurité.
Si, avec nos partenaires Afghans, nous continuons d’appliquer la stratégie que nous avons définie et si nous lui donnons le temps nécessaire pour qu’elle porte ses fruits, nous atteindrons notre objectif.
Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN
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