Chaque jour ou presque, l’actualité pointe le drame que représentent les deux guerres héritées de l’ère Bush : l’Afghanistan et l’Irak.
Sur la première de ces interventions militaires, les fuites exposées cette semaine par le site WikiLeaks ne nous apprennent rien de vraiment nouveau. Elles sont importantes non par le contenu, mais par leur origine. Ce sont des sources officielles américaines – des points d’étape établis par les renseignements militaires. Ils confortent cette image d’une guerre difficile, celle de forces étrangères souvent mal vues de la population, qui paie le prix lourd des attentats menés par les talibans (plus de 60 % des victimes du conflit) et des frappes de la coalition.
Plus grave pour l’avenir de la guerre d’Afghanistan, ces fuites confirment le double jeu du Pakistan. Les rapports officiels postés sur WikiLeaks stigmatisent l’agence de renseignement pakistanaise, l’Inter ServicesIntelligence (ISI). Elle est une fois de plus – mais cette fois de source officielle américaine – accusée de soutenir activement les talibans afghans.
Islamabad a beau démentir cette collusion avec l’insurrection afghane, les documents de WikiLeaks dénoncent une véritable coopération entre l’ISI et les talibans : réseaux montés en commun pour combattre les soldats américains et assassiner des personnalités afghanes.
Les fuites couvrent une période qui s’arrête à l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, en janvier 2009. Il n’y a pas de raison de penser que la situation a fondamentalement changé depuis. Comme l’écrit le New York Times, mercredi 28 juillet, “si M. Obama n’arrive pas à persuader Islamabad de couper ses liens avec les extrémistes (…), il n’y a pas d’espoir de vaincre les talibans en Afghanistan”.
Sept ans après la chute de Saddam Hussein, la situation n’est guère plus brillante en Irak. Les Irakiens ont voté il y a cinq mois, mais n’ont toujours pas de gouvernement.
La violence est quotidienne : attentats à la voiture piégée, assassinats, enlèvements… L’influence iranienne sur le pays est plus forte que jamais. Signe de chaos supplémentaire, les coupures d’électricité scandent toujours la vie des Irakiens – elles ont provoqué en juin des émeutes dans le grand port du Sud, Bassora.
Il y a un lien entre ces deux conflits décidés dans la foulée des attentats de septembre 2001. Le président George W. Bush n’a jamais donné la priorité à l’Afghanistan. Aussitôt les talibans chassés de Kaboul – où ils hébergeaient Al-Qaida – en 2002, il a consacré toute son attention à l’Irak, qui ne menaçait aucunement les Etats-Unis. Mais c’est là, en Irak, qu’il voulait un changement de régime exemplaire pour l’ensemble du Proche-Orient. Quand il aurait fallu se concentrer sur l’Afghanistan, avec une assistance civile massive, M. Bush se trompait de guerre et laissait renaître une insurrection talibane qui, depuis, n’a cessé de gagner du terrain.
De cette erreur stratégique majeure, on n’a pas fini de payer les conséquences.
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