Nous avons parlé la semaine dernière du projet de construction d’un centre islamique à deux rues de Ground Zero et de l’opposition qu’il commençait à susciter. Et combien cette polémique new yorkaise rencontrait un écho dans tout le pays. Certains candidats à l’élection de novembre prochain, dans des Etats éloignés des Twin Towers, utilisent cette histoire pour mobiliser leur électorat.
Comme si New York avait donné le signal, à travers les Etats-Unis, des mouvements de protestations se sont soudain formés pour refuser l’édification de mosquées dans certaines communautés.
A Murfreesboro, Tennessee, des centaines de manifestants ont organisé une marche contre un centre islamique. A Temecula, Californie, les manifestants sont venus avec des chiens lors de la prière du vendredi pour refuser la construction d’un nouveau lieu de prière sur un terrain vacant. A Sheboygan, Wisconsin, les opposants à l’ouverture d’une mosquée dans une ancienne épicerie avaient à leur tête plusieurs membres du clergé.
Jusqu’à une époque récente, ceux qui refusaient l’édification d’une moquée dans leur quartier ou dans leur ville, mettaient en avant les problèmes de circulation que l’afflux de fidèles n’allait pas manquer de créer.
Cette époque est révolue. Les opposants maintenant affirment haut et fort que c’est avec l’islam qu’ils ont un problème, proclamant même que les musulmans veulent remplacer les lois des Etats-Unis par la Chariah, c’est à dire la loi islamique, et que l’islam est incompatible avec les valeurs du pays.
Ce mouvement est en partie inspiré et suscité par le Tea Party, mais surtout par des groupes tels que ACT! For America, basé en Floride, et dont le but est de protéger la civilisation occidentale contre l’islam. D’anciens musulmans comme Walid Shoebat ou Wafa Sultan contribuent eux-mêmes à ce mouvement à l’aide de blogs ou de livres. Selon une étude menée l’année dernière, il existerait 1.900 mosquées aux Etats-Unis.
Jusqu’à présent, le pays avait du mal à comprendre les controverses françaises sur le port du voile dans les établissements scolaires parce qu’il s’est construit sur la liberté religieuse. Mais l’impact du 11 Septembre 2001, les récentes tentatives d’attentat, comme celui de Times Square en mai dernier, et la vague anti-immigration que connaît une grande partie des Etats-Unis à l’heure actuelle à cause du chômage élevé, produisent soudain un backlash à l’encontre des musulmans, bientôt deuxième religion des Etats-Unis, juste derrière les Eglises chrétiennes. Comme en Europe il y a maintenant 20 ans, l’islam oblige les Américains à réexaminer la place de la religion dans la société, mais aussi la compatibilité des valeurs du Coran avec celles des Etats-Unis. L’écrivain d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali, qui avait dû fuir la Hollande après l’assassinat de Theo Van Gogh avec qui elle avait réalisé le film Submission, continue à recevoir des menaces de mort à son bureau et chez elle à Washington. L’hostilité aux nouveaux arrivants n’est pas nouvelle. Irlandais, Italiens, Juifs ou Polonais ont tous connus ce “rite” de passage. Mais l’Islam sera-t-il soluble dans la démocratie américaine? Pas encore prouvé.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.