Google Wave Halted: Five Lessons Learned

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G oogle a décidé de cesser le développement de son service Google Wave. Il l’a annoncé mercredi soir, reconnaissant n’avoir pas rencontré le succès escompté. Pour ceux qui n’ont pas vécu la frénésie du printemps 2009, Google Wave était ce service censé, selon certains, supplanter l’email. L’échec n’est pas total. Comme l’ajustifié Eric Schmidt, PDG de Google, l’entreprise «célèbre ses erreurs». Voici ce que l’on peut au moins retenir de Google Wave.

1. Trop de frustration dans les invitations

La mise en ligne de Google Wave a viré au fiasco. Les équipes australiennes en charge du produit ont tenté de rééditer le déploiement viral qui avait valu son succès à Gmail en 2004, en distillant des invitations. Ce qui devait au passage leur permettre de gérer la montée en chrge.

C’était une double erreur. Les invitations étaient trop peu nombreuses (certaines se sont même retrouvées sur eBay), ce qui a décuplé les attentes. Or, le produit n’était pas à la hauteur. Car pour être intéressant, il fallait y reconstituer sa liste d’amis, là où Gmail n’était qu’un nouveau service d’email fonctionnant immédiatement avec tous ses contacts, qu’ils soient chez Hotmail, Caramail (souvenirs…) et autres fournisseurs.

2. Google a vraiment essayé

Google est «une société où il est absolument normal d’essayer quelque chose de très difficile, de ne pas réussir et d’apprendre de cela», a encore dit Eric Schmidt. C’est une phrase-clé. Wave n’est pas le seul essai manqué de Google, qui lance des produits en bêta, les met dans les mains des internautes, attend et regarde ce qu’ils donnent. Lively, monde virtuel mis en ligne en pleine frénésie Second Life et le Nexus One sont deux autres exemples du même genre.

Ce fonctionnement est très particulier dans le secteur. Rien à voir avec un Apple, qui peaufine à l’extrême chacune de ses sorties, cache ses développements et où chaque arrêt est vécu comme un drame (ah, le Cube !). Ni un Microsoft, qui montre des prototypes pour faire plaisir à ses ingénieurs (la tablette Courier), mais n’en fait rien de concret. L’abandon du développement de Wave n’est pas si grave. Il fait réellement partie du fonctionnement de Google.

3. Google Wave est resté incompris

Il suffirait de quelques secondes pour se faire une impression durable sur une personne. Avec un service Internet, il n’en va pas différemment. Et là-dessus, Google Wave s’est totalement planté.

Google Wave n’a jamais démontré son réel intérêt, sinon pour des usages de niche. Il a été catalogué comme un site conçu par les ingénieurs de Google, pour les ingénieurs de Google. Plus grave : même les geeks, tendance «early adopters», ont été déconcertés dès leur premier contact par cette usine à gaz, qui se voulait un mélange entre l’email et le réseau social sur fond de travail collaboratif. Un site parodique l’a bien démontré.

Lancé trop tôt, Google Wave a souffert de n’avoir pas pas su envoyer de message clair sur ce qu’il savait faire de mieux, semblant vouloir tout faire à la fois. Dernièrement, il expliquait sur sa page d’accueil qu’il permettait de «faire des chose avec des groupes de gens». Le genre d’accroche qui donne envie.

4. Google Wave n’était pas un «tueur de»

Google Wave a été exagérément présenté comme le successeur de l’email par la presse et les blogs. Avides de nouveautés et de rivalités, ils ont leur part de responsabilité. Mais les équipes de Google ne débordaient pas non plus de modestie lors du lancement.

Au final, Google Wave n’a rien tué. Tout comme Facebook n’a pas tué Twitter avec sa fournée de nouvelles fonctions. Tout comme le Nexus One n’a pas tué l’iPhone en révolutionnant la distribution dans la téléphonie mobile. Parler de «tueur de» ne pouvait mener qu’à des déceptions. Et à une incompréhension sur le sens de ce service.

5. Google avait de l’avance

Google l’a promis dans son oraison funèbre. Les avancées de Google Wave ne seront pas vaines. Elles seront intégrées dans d’autres produits de Google, à commencer par Gmail. L’union de la messagerie et de la collaboration, matinée de temps réel, rehaussé par des extensions, donne une bonne idée de l’avenir des réseaux sociaux. D’autant que le résultat était plutôt élégant pour un produit Google.

Alors que ses ambitions sur ce créneau sont en train de s’affirmer, et même s’il a un mal fou à se montrer social, on voit donc mal Google lâcher l’affaire. «Le monde n’a pas besoin d’un autre Facebook», a répété Eric Schmidt. En revanche, on pourrait bien voir des bouts de Wave dans un site social dont le monde a vraiment besoin.

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